Méthodes anti-tabac : comment arrêter de fumer ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 16/05/2020

femme souhaitant arrêter de fumer

Arrêter de fumer ?! Nous en sommes encore au moment des bonnes résolutions même si celle-ci peut et doit se prendre à n’importe quel moment de l’année mais comment faire ? C’est loin d’être évident surtout si on est fumeur depuis plusieurs années car la dépendance à la nicotine est alors très forte. Parce que le tabac est la première cause évitable de mortalité en France, la lutte contre le tabagisme est devenue une priorité de santé publique. Mais comment réussir ? Voici quelques conseils pour optimiser vos chances de réussite. Vos pharmaciens sont là pour vous aider à trouver les méthodes pour arrêter de fumer les plus adaptées à vos besoins. 

Les effets du tabac : pourquoi est-ce dangereux ?

Les chiffres du tabac parlent d’eux même sur la dangerosité puisque le tabac c’est 66 000 décès par an (dont 7000 femmes) et 5000 décès par an pour les victimes du tabagisme passif. L’espérance de vie est diminuée de 8 ans chez un fumeur et 4000 c’est le nombre de substances toxiques identifiées dans la fumée du tabac. Enfin le tabac est responsable de 30% de tous les cancers et de 90% des cancers du poumon

Au niveau cardiaque, la nicotine inhalée accélère le rythme cardiaque et provoque une hypertension artérielle par constriction des vaisseaux sanguins. Le monoxyde de carbone contenu dans la cigarette détériore la paroi interne des artères et augmente de 30% le risque d’accident cardiaque et/ou vasculaire.

Au niveau du cerveau : la nicotine y arrive en 7 secondes soit de manière 2 fois plus rapide que par injection intraveineuse. Or plus une drogue atteint rapidement le système nerveux central, plus son pouvoir addictif est important. Cette nicotine se fixe sur des récepteurs dédiés à d’autres molécules et provoque alors la libération de dopamine qui stimule le centre des récompenses et apporte la notion de plaisir avec des effets positifs ressentis sur l’humeur, la concentration, la mémoire, la vigilance mais très vite, la déplétion en dopamine relance le besoin de nicotine d’où le terme de substance addictive.

Chez les femmes, les dommages du tabac sont encore plus important car il ne fait pas bon ménage avec le système hormonal qui assure une protection cardiovasculaire jusqu’à la ménopause et il multiplie alors par 10 le risque d’infarctus du myocarde. Enfin, le tabac au cours de la grossesse provoque une atteinte du bébé avec des risques de fausses couches, des retards de croissance, des grandes prématurités et des malformations chez le fœtus. Le tabagisme passif de la maman multiplie ensuite par 2 le risque de mort subite du nourrisson, diminue de 20% le poids du bébé et provoque chez le nouveau-né un syndrome de sevrage très fort qui sera ensuite beaucoup plus sujet aux infections respiratoires et ORL. Le risque est aussi très augmenté de développer un cancer chez l’enfant qui subit un tabagisme passif.

Ainsi le tabac induit une triple dépendance :

  • Dépendance physique : due à la nicotine.

  • Dépendance psychologique : besoin de retrouver la détente et les effets psychologiques amenés par le tabac.

  • Dépendance environnementale ou gestuelle : quand le tabac est associé à des circonstances : pause-café, soirée…

Alors prêt ? Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer  !

Arrêter de fumer : préparation et motivation ?

Arrêter de fumer est un véritable défi. Comme tout challenge, il doit donc être préparé et réfléchi pour être mené à bien comme un sportif préparerait sa compétition pour arriver jusqu’à l’arrivée. Le fumeur qui décide d’arrêter doit avoir intégré l’idée que la cigarette ne lui procure pas de plaisir : elle comble uniquement un manque de nicotine en stimulant la libération de dopamine. C’est ce pic de dopamine qui est recherché par les fumeurs et à l’origine de la dépendance.

Il est conseillé de choisir une période d’arrêt hors stress, de prévenir son entourage pour que l’initiative soit encouragée et suivie, d’anticiper les difficultés en gérant son emploi du temps pour s’occuper au maximum en évitant au maximum de créer des situations à risque de fumer, de ne pas cumuler un régime amaigrissant en même temps que l’arrêt et la veille du jour J, se débarrasser de toutes ses cigarettes pour éviter toute tentation.

Avant l’arrêt du tabac il est important de connaitre le degré de dépendance au tabac. Pour cela un test se réalise en quelques minutes, le plus connu étant le Test de Fagerström.

Pour ce test et le démarrage du sevrage, un suivi personnalisé est généralement impératif : demander à votre pharmacien ou sur Tabac Info Service, site entièrement dédié à l’aide et à la prise en charge de l’arrêt du tabac.

La motivation est indispensable et un arrêt total et brutal du tabac est recommandé même si le sevrage définitif est souvent l’aboutissement de plusieurs tentatives infructueuses. Enfin la motivation peut se trouver dans ces chiffres :

Temps écoulé depuis la dernière cigarette

Bénéfices sur la santé

20 minutes

La pression sanguine et les pulsations du cœur redeviennent normales.

8h

La quantité de monoxyde de carbone dans le sang diminue de moitié et l’oxygénation des cellules redevient normale.

24h

Le risque d’infarctus du myocarde diminue déjà, les poumons commencent à éliminer le mucus et les résidus de fumée et le corps ne contient plus de nicotine.

48h

Le gout et l’odorat s’améliorent car les terminaisons nerveuses gustatives commencent à se développer.

72h

La respiration est facilitée car les bronches commencent à se relâcher et une énergie nouvelle se fait sentir.

2 semaines à 3 mois

Toux et fatiguent diminuent, la récupération du souffle s’effectue et la marche ou montée des escaliers deviennent plus facile.

1 à 9

Les cils bronchiques repoussent et l’essoufflement diminue de façon notable.

1 an

Le risque d’infarctus du myocarde diminue de moitié et le risque d’AVC rejoint celui d’un non-fumeur.

5 ans

Risque de cancer du poumon diminue de moitié.

10 à  15 ans

L’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé.

  1. Arkopharma ArkOcéan Détente et Équilibre 20 ampoules

  2. Solgar Gaba 500mg 50 gélules
     

Arrêter de fumer : quelles sont les solutions ?

Substituts anti-tabac et traitements médicamenteux

Le facteur le plus important pour un sevrage tabagique réussi est bien sur la motivation et les chances de réussite sont meilleures lorsque le fait d’arrêter de fumer pour soi-même est plus important que de le faire pour faire plaisir aux autres.

Il y a autant d’approches pour accompagner un fumeur à cesser de fumer que de fumeurs différents…N’hésitez donc pas à demander à votre pharmacien et/ou votre médecin qui vous proposera alors une approche personnalisée pour l’arrêt du tabac.

Stratégie thérapeutique et médicaments anti-tabac

Il existe des médicaments sur prescription médicale qui sont réservés aux dépendances fortes ou très fortes (score de 7 à 10 au test de Fargerström).

  • Bupropion (Zyban®)
    C’est une molécule de la famille des antidépresseurs qui inhibe la recapture de la dopamine et de la noradrénaline et dont la structure se rapproche de celles des amphétamines. Le taux de réussite sous Zyban® est le même qu’avec des substituts nicotiniques auquel il peut d’ailleurs être associé. Il doit être commencé 1 semaine avant l’arrêt définitif du tabac pour avoir une efficacité maximale. Pour la posologie, les contre-indications et les effets indésirables, demander conseil à votre pharmacien.

  • Varénicline (Champix®)
    C’est un médicament qui se lie aux récepteurs de la nicotine et qui induit une libération de dopamine. Elle possède une affinité supérieure pour ces récepteurs à celle de la nicotine et donc empêche la nicotine de se fixer et oblige ainsi le cerveau à ne plus synthétiser de nouveaux récepteurs à la nicotine ce qui est alors responsable du phénomène de dépendance. L’action du Champix® est supérieure au Zyban® et ne doit pas être associé à des substituts nicotiniques. La prise du médicament doit avoir lieu une semaine avant l’arrêt total du tabac et pour la posologie, les contre-indications et les effets indésirables, demander conseil à votre pharmacien. 

Substituts nicotiniques

Ils se déclinent sous de nombreuses formes : patchs, gommes à mâcher, comprimés à sucer, inhalateurs de nicotine et le choix d’un système plutôt que d’un autre se fera selon sa convenance personnelle car c’est surtout le respect du dosage préconisé qui est important. En effet, pour tous ces substituts, leur utilisation est liée au résultat du test de dépendance de Fagerström résumé ici :

  • Score de 0 à 2 : Pas de dépendance à la nicotine, l’arrêt peut être réalisé sans traitement avec quelques conseils comportementaux.
     

  • Score de 3 à 4 : Avec une consommation inférieure à un paquet par jour : dépendance faible. L’arrêt peut être envisagé sans traitement ou avec un substitut oral dosé à 1 ou 2 mg (8 à 12 par jour) à la demande ou avec des patchs à 14mg/24h.
     

  • Score 5 à 6 : Avec une consommation supérieure à un paquet par jour : dépendance moyenne. L’utilisation de substituts nicotiniques est recommandé (14mg/24h ou 10mg/16h) associés si besoin avec un traitement oral : comprimés/gommes à 2mg (8 à 12 par jour) pour augmenter les chances de réussite.
     

  • Score 7 à 10 : la dépendance est forte à très forte et alors l’utilisation de patch nicotiniques à 21mg/24h est conseillée avec des formes orales à 4mg (ou 2 gommes/comprimés par prise). Le recours à des médicaments sur prescription peut être envisagé avec le médecin traitant (Zyban® ou Champix®).

Les solutions naturelles et alternatives pour arrêter de fumer

Les méthodes dites alternatives comme l’homéopathie, la gemmothérapie, la phytothérapie, l’aromathérapie ou encore l’acupuncture, l’hypnose, l’auriculothérapie et d’autres encore n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans le sevrage tabagique. Cependant la Haute Autorité de Santé considère que ces méthodes pour arrêter de fumer naturellement, ont tout à fait leur place en complément d’autres traitements dans la prise en charge du fumeur et pour l’aider à atteindre son objectif d’arrêt.

Oui arrêter de fumer est un défi et en plus de la motivation indispensable pour cet arrêt, il faut enclencher tout un processus de désengagement de certains reflexes comme fumer après les repas, lors d’une pause au travail, lors d’une soirée…Cela fait partie d’un rituel quotidien dont le fumeur doit faire le deuil et c’est le facteur santé qui doit prendre le dessus et booster la motivation. Car oui : la consommation de tabac est la première cause de mortalité évitable dans le monde. Vous êtes prêts ? Vous êtes motivés ? Alors consultez rapidement votre pharmacien, votre médecin, faites-vous aider, encourager et pratiquez aussi une activité physique pour compenser cet arrêt. A vous alors la vie avec des poumons qui vont respirer de nouveau et en pleine santé !