Parmi les rôles et missions des pharmaciens, celui d’alerter sur la prise de médicaments dangereux pour la santé est primordial. C’est le cas aujourd’hui avec un rappel sur les dangers des AINS et notamment pendant la grossesse mais aussi pour les sportifs et les consommateurs réguliers. En effet, régulièrement des accidents ont lieu lors de la prise de médicaments de type AINS (Anti Inflammatoires Non Stéroïdiens) parmi lesquels on retrouve l’aspirine comme molécule apparentée, mais surtout l’ibuprofène (en vente libre) et les autres anti-inflammatoires sur prescription (Diclofenac, Kétoprofène, Naproxène, Nifluril, Piroxicam etc.. pour les plus fréquents).
Compte tenu du caractère banal de la prescription d’AINS, y compris en cours de grossesse pour des soins dentaires, otites, sinusites, douleurs lombaires et articulaires, céphalées, fièvre, hémorroïdes, il est donc urgent de refaire le point.
Où se situe le danger ?
Pour le patient lambda sans antécédent : les reins ! Un des effets secondaires majeurs, même à dose thérapeutique, est une insuffisance rénale aigüe lors de la prise d’AINS. Et cela se voit aussi notamment dans un contexte d’effort d’endurance de longue durée, la prise d’anti-inflammatoire peut être toxique pour le rein et favoriser la rhabdomyolyse qui est une destruction des cellules musculaires se compliquant d’insuffisance rénale plus ou moins sévère. Mais surtout le grand danger se situe pour la femme enceinte pour laquelle tous les organismes de santé et de veille sanitaire sont unanimes PAS d’AINS après le début du 6ème mois de grossesse. En effet l’utilisation ponctuelle ou chronique de tous les AINS (y compris l’aspirine à dose supérieure ou égale à 500mg) chez la femme enceinte (à l’exception des collyres), est formellement contre indiqué à partir du début du 6ème mois de grossesse (24 semaines d’aménorrhée) et ce quelle que soit la voie d’administration.
En effet la prise même unique d’un seul comprimé d’AINS peut provoquer la fermeture prématurée du canal artériel chez le fœtus qui provoque alors pour le fœtus dans l’utérus une hypertension artérielle pulmonaire et une insuffisance cardiaque droite.
D’autres conséquences gravissimes peuvent avoir lieu même en cas de prise unique d’AINS et notamment une toxicité rénale avec une insuffisance rénale/fœtale et/ou au moment de la naissance. Cette insuffisance peut être transitoire ou définitive et peut entrainer le décès.
Conduite à tenir
En prévision d’une grossesse : dans la mesure du possible il faut arrêter tout traitement par les AINS dès le début de la grossesse et avoir alors recours à d’autres antidouleurs ou aux corticoïdes.
En cours de grossesse : Rassurer les femmes enceintes sur le risque malformatif très faible en cas d’exposition au premier trimestre de la grossesse et éviter si possible toute prise d’AINS de manière chronique jusqu’au début du 6ème mois. L’aspirine peut être utilisée ponctuellement pendant les cinq premiers mois de la grossesse mais comme les AINS à partir du début du 6ème mois, l’aspirine à dose supérieure ou égale à 500mg/jour est formellement contre indiquée jusqu’à l’accouchement. Au-delà du début du 6ème mois de grossesse, l’utilisation de tout AINS est formellement contre indiquée quel que soit sa voie d’administration à l’exception des collyres en raison des faibles quantités utilisées. D’autres antalgiques ou des corticoïdes peuvent être utilisés toujours sur prescription médicale et ce quel que soit le terme de la grossesse.
Dans tous les cas, votre pharmacien reste votre interlocuteur disponible et privilégié en cas de doutes, de questions et il saura vous conseiller et vous aiguiller vers une consultation médicale si besoin.