Calculs rénaux : que faire en cas de colique néphrétique ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 02/05/2023

Calculs rénaux : que faire en cas de colique néphrétique ?

Saviez-vous que la crise de colique néphrétique représente 2 % des entrées dans les services d’urgence en France ? Une crise de colique néphrétique révèle la présence de calculs (petits cailloux) au niveau des reins et/ou des voies urinaires, qui sont surtout très fréquents à partir de 40 ans. Cette colique néphrétique est une urgence médicale et doit être prise en charge rapidement avec un diagnostic réalisé en général par des examens radiologiques.

Qu’est-ce qu’une colique néphrétique ? Quels sont les facteurs de risque ? Quel traitement pour les calculs rénaux et comment prévenir leur rechute ?

Votre pharmacien conseil fait le point sur les calculs rénaux et la douleur de colique néphrétique qu’ils entraînent.

Qu’est-ce qu’une colique néphrétique ?

La douleur ressentie est particulièrement intense, similaire à un "coup de poignard" et peut durer de plusieurs minutes à quelques heures. Elle se situe au niveau de la fosse lombaire droite ou gauche (là où se trouvent les reins) et peut irradier vers l’aine et les organes génitaux. Aucune position ne semble soulager la douleur. Des nausées, des vomissements, des ballonnements, l'arrêt du transit, des difficultés à uriner et la présence de sang parfois dans les urines peuvent compléter la liste des symptômes.

La principale cause de colique néphrétique est la présence d'un calcul (on parle alors de lithiase urinaire) dans l'un des deux uretères, les canaux qu'empruntent les urines pour passer du rein à la vessie. Le passage de l'urine étant plus difficile, voire impossible, la pression augmente dans les voies excrétrices et entraîne alors d'intenses douleurs. Cette pathologie lithiasique est fréquente, surtout entre 40 et 60 ans, et plus particulièrement chez les hommes. Dans de très rares cas, la colique néphrétique peut être due à une malformation d'une voie urinaire. Le plus embêtant est que les récidives sont fréquentes lorsque l'on a déjà subi une crise de colique néphrétique.

Le diagnostic se fait sur un faisceau d’arguments qui sont cliniques, ainsi que sur l’interrogatoire du patient. Puis des examens complémentaires sont réalisés avec notamment une radiographie de l’abdomen permettant de prédire la nature des calculs rénaux. Un scanner sans injection montrera le ou les calculs rénaux, leur taille, mais aussi leur emplacement. Chez la femme enceinte, seule une échographie ou une IRM pourra être réalisée. Tous ces éléments de diagnostic sont importants pour la mise en place du traitement.

Quels sont les facteurs de risque d’une colique néphrétique ?

Plusieurs facteurs de risque ont pu être identifiés dans le cadre du déclenchement d’une colique néphrétique.

Le premier facteur est une consommation insuffisante d’eau, voire une déshydratation. Le risque est d’autant plus majoré en cas de régime riche en protéines et en sel. Parmi les autres facteurs de risque, on peut aussi noter un travail dans une ambiance surchauffée, un séjour en pays chaud, un voyage récent, mais aussi une immobilisation prolongée (après une maladie par exemple).

Il existe également une prédisposition familiale, notamment chez les personnes qui ont des taux sanguins d’acide urique élevés (aussi prédisposées à des crises de goutte). Elles ont un risque nettement plus important d’avoir des calculs rénaux et donc des crises de coliques néphrétiques. On parle dans ce cas de troubles métaboliques qui provoquent des augmentations des taux de calcium et d’acide urique dans le sang favorisant la formation des calculs.

Une infection urinaire par modification du pH de l’urine ou encore une anomalie des voies urinaires qui provoque une stagnation des urines sont aussi des facteurs de risque pour la survenue d’une colique néphrétique.

Chez beaucoup de personnes, les tout petits calculs vont être éliminés sans symptômes dans les urines. Ils peuvent alors être découverts par hasard au cours d’un examen radiologique. Cependant, la crise de colique néphrétique et la douleur sont les signes qui amènent à consulter de toute urgence.

Quels traitements pour les calculs rénaux ?

La première chose à faire est de soulager la douleur, bien souvent insupportable, via l’administration d’anti-inflammatoires et d’antispasmodiques par voie orale ou intraveineuse. Si nécessaire, le recours à des antalgiques dérivés de la morphine peut être envisageable.

Il est également possible d’appliquer une source de chaleur sur la zone douloureuse pour la soulager.

En cas de très grosses douleurs, il est important de vérifier sa température, car si la colique néphrétique s’accompagne de fièvre et/ou de frissons, elle doit être prise en charge de toute urgence. Une hospitalisation est nécessaire, dans les formes graves de coliques néphrétiques et notamment en cas de grossesse en cours, d’infection urinaire haute associée ou encore de rein unique…

Il faut savoir que près de 80 % des calculs rénaux sont éliminés spontanément par les voies urinaires et que s’ils font moins de 5-6 mm, il n’y a pas d’intervention médicale. Le traitement va donc reposer sur la surveillance médicale de l’expulsion spontanée du calcul. Si le calcul n’est pas évacué, un traitement urologique est nécessaire comme la mise en place d’une sonde urétérale, une fragmentation des calculs par laser ou encore une fragmentation extracorporelle des calculs par ondes de choc…

En l'absence de facteurs de gravité (fièvre, frissons, absence de mictions, douleur insupportable, rein unique), seul un repos au lit est requis. Si l’arrêt des boissons est conseillé pendant la phase très douloureuse, il est recommandé de boire avec abondance une fois que la douleur cesse.

Comment prévenir les rechutes de calculs ?

En prévention, pas de secret, il faut boire ! Car une élimination urinaire importante (au moins 2 litres d’urines par jour) qui génère la dilution des urines, empêche la formation de calculs dans les reins et les voies urinaires. Il s’agit même d’augmenter cette quantité de liquide durant des fortes chaleurs ou au cours d’une activité physique. Il est également important de veiller à :

  • Limiter les aliments qui peuvent favoriser la formation de cristaux et donc de calculs.

  • Réduire sa consommation de protéines : viandes et produits laitiers favorisent la formation de certains types de calculs, au maximum 1 g de protéine par kg de poids de corps, par exemple 70 g de protéines par jour pour un homme de 70 kg.

  • Réduire sa consommation de sel : moins de 5 g de sel de cuisine par jour.

  • Enrichir l’alimentation en fruits et légumes et en particulier ceux qui sont riches en potassium, car ils facilitent l’élimination du calcium : banane, pomme de terre, fèves par exemple…


Attention à certains aliments ! Les fruits secs, les abats, les fruits de mer, la moutarde, les épinards, l’oseille, la betterave, le fenouil, les groseilles et plus généralement les fruits rouges, le persil, le café, le thé, le vin blanc et la rhubarbe ont la réputation de contribuer à l’apparition de calculs urinaires.  La vitamine C ne doit pas être non plus consommée en grande quantité, maximum 1 gramme par jour.

Les plantes aux propriétés diurétiques qui augmentent le volume des urines peuvent être, en dehors des périodes de crise, une bonne aide à la prévention des calculs rénaux. En effet, l’augmentation du volume des urines prévient la formation de calculs en participant à l’élimination des cristaux avant qu’ils ne deviennent trop volumineux. Parmi les plantes diurétiques les plus connues, on peut citer l’orthosiphon, le pissenlit, le solidago ou verge d’or, la piloselle, les queues de cerise ou encore l’aubier de tilleul.

Du côté de l’aromathérapie, c’est l’huile essentielle de genévrier qui est traditionnellement utilisée pour prévenir les lithiases urinaires. Pour soulager la douleur en cas de colique néphrétique, il est possible d’appliquer une synergie d’huiles essentielles en massage du bas du dos : petit grain bigarade (60 gouttes) pour son action antalgique, basilic (30 gouttes) pour son action antispasmodique et eucalyptus citronné (30 gouttes) pour dilater les voies urinaires et donc faciliter l’évacuation du calcul rénal.

 

Source d’une douleur intense, la crise de colique néphrétique est une des complications de la présence de calculs au niveau des reins. Elle doit être prise en charge rapidement afin d’être soulagée et éviter les rechutes. Sans prise en charge médicale, les calculs rénaux peuvent provoquer une infection du rein, voire une insuffisance rénale ou une septicémie. En cas de doute, n’hésitez pas à demander à votre médecin/pharmacien qui saura alors vous orienter.