Grippe : comment l’éviter et la soigner ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 03/02/2022

femme allongée dans un lit en train de se moucher

L’hiver signe le retour des virus et notamment les virus de la grippe. Les épidémies de grippe saisonnières surviennent généralement entre octobre et avril, se propageant rapidement dans la population. Si la grippe se soigne bien chez les personnes immunocompétentes, elle peut être très dangereuse pour les personnes à haut risque que sont les individus au système immunitaire affaibli comme les personnes âgées, les gens souffrant de maladies chroniques ou encore les enfants en bas âge. Pourtant, des solutions existent pour l’identifier, la soigner et même l’éviter !


Qu’est-ce que la grippe ?

 

La grippe est une infection respiratoire d’origine virale. Il existe 3 principaux types de virus qui en sont responsables : virus Grippe A, virus Grippe B et virus Grippe C. Ils appartiennent à la famille des Myxovirus inflenzae et parmi les virus du groupe A, on retrouve plusieurs sous-groupes : H1N1, H1N2, H2N2 et encore bien d’autres variantes. Ces virus s’attaquent au système respiratoire, ils ont la particularité de muter et de changer de forme, ce qui explique qu’il est possible de faire une nouvelle grippe chaque année. Seuls les virus du groupe A et B sont responsables des épidémies saisonnières et seuls les virus du groupe A peuvent provoquer des pandémies.

En effet, les virus du groupe A circulent de façon permanente entre les différentes espèces animales et notamment chez les porcs, les chevaux et les oiseaux. Ce sont d’ailleurs les oiseaux qui sont probablement les hôtes originaux de ces virus, car chez eux, le virus se multiplie dans leur tractus digestif et des quantités très importantes de virus sont alors éliminées dans les fientes des oiseaux. Tandis que chez les porcs et les chevaux, le virus se multiplie au niveau respiratoire et provoque le même type de maladie que chez l’homme. Pendant longtemps les scientifiques ont pensé que le porc ou le cheval étaient des intermédiaires obligatoires pour « faire passer » un virus aviaire vers l’homme, mais depuis les années 2000, les nombreux cas de grippe aviaire qui sont apparus dans le monde ont pu démontrer que les virus aviaires pouvaient directement engendrer des cas humains de grippe parfois très sévères.

Alors pourquoi ce virus de type A provoque-t-il de telles pandémies, comme ce fut le cas en 2009 ? Tout simplement parce qu’une recombinaison entre un virus grippal issu de l’homme et un virus aviaire possiblement chez le porc, a entrainé une mutation du virus, donnant naissance à un nouveau virus : c’était le cas du H1N1-2009. On évoque bien sûr la même origine pour la fameuse grippe espagnole de 1918 qui avait touchée 50% de la population mondiale et fait des millions de morts.

Les virus du groupe B touchent principalement les enfants et même s'ils participent chaque année à l’épidémie de grippe hivernale, celle-ci est en général assez bénigne.

Les cas de grippe dus aux virus du groupe C sont strictement humains, il n’y a pas de passage possible par une espèce animale et provoque donc des cas sporadiques au sein des collectivités.

 

Comment reconnaître une grippe ?

 

Les symptômes de la grippe sont d’apparition brutale après généralement une incubation de 2 jours. Ils consistent en des éternuements, une toux sèche, des courbatures, des douleurs articulaires, des maux de tête (céphalées) et une fièvre très élevée d’installation brutale. Une conjonctivite peut être associée ainsi que des signes digestifs comme une diarrhée ou des vomissements.

Une très grande fatigue accompagne ces symptômes et nécessite le plus souvent un arrêt de travail de plusieurs jours pour les personnes actives.

La fièvre peut être très importante, aux environs de 39 à 40 °C, et accompagnée de frissons et de douleurs musculaires comme des courbatures, empêchant de se mouvoir.

On parle d’un V grippal caractéristique lorsque la température baisse transitoirement vers le 4ᵉ jour puis remonte très haut entre le 5ᵉ et le 6ᵉ jour pour disparaître ensuite.

Dans les formes les plus simples et sans complications, la guérison est généralement rapide, une moyenne de 5 jours suffit à se rétablir. Cependant, la convalescence peut être longue, de 10 à 15 jours, avec une fatigue pouvant persister pendant 1 mois.

Comment faire la différence avec un rhume (rhinite) ?

La grippe a un caractère soudain, avec une fièvre subite accompagnée de douleurs et de difficultés à bouger, à cause de fortes courbatures. Pour une rhinite, les symptômes sont moins violents avec souvent un mal de gorge, un nez qui coule et un état fébrile pas toujours présent. Les maux de têtes sont généralement absents en cas de rhinite et il n’y a pas de douleurs musculaires. La rhinite comme la grippe s’estompe au bout de 3 à 5 jours. Si les symptômes persistent, il est nécessaire de consulter.

À noter qu’il existe des tests de dépistage rapide de la grippe qui permettent de déterminer s’il s’agit bien d’une grippe et si celle-ci est due à un virus de groupe A ou B.

 

Comment éviter la grippe ?

 

Pendant longtemps, la croyance populaire pensait que la grippe était apportée par le froid d’où l’expression « prendre froid » qui sous-entendait que le froid réduisait la résistance du corps à la grippe et au rhume. Or rien ne prouve que le froid affaiblit le système immunitaire ou facilite l’entrée des virus dans l’organisme. Le confinement dans les maisons étant plus important à cette époque de l’année, il favoriserait la contamination. Le premier réflexe à avoir est donc l’aération des pièces.

D’autre part, le fait que l’air froid soit plus sec en hiver facilite la contagion. Les muqueuses du nez asséchées, moins efficaces que lorsqu’elles sont humides, peuvent contribuer à l’entrée des microorganismes. Ainsi le second réflexe à avoir est l’humidification de l’atmosphère des pièces intérieures ou l’utilisation d’un spray hydratant pour les muqueuses nasales.

Quels sont les moyens de prévention contre la grippe à adopter ?

Éviter les contacts directs avec une personne atteinte de la grippe. Sans aller jusqu’à l’isoler complètement, il convient de ne pas l’embrasser, de la toucher le moins possible et de ne pas utiliser ses objets personnels comme les brosses à dents, le linge de toilette ou encore les jouets d’enfants. La contamination peut se faire par des micro gouttelettes contaminées qui sont libérées dans l’air lorsque la personne tousse ou éternue. Le virus peut aussi se transmettre par la salive et comme le virus peut rapidement se retrouver sur les mains et le visage des personnes, il est conseillé de limiter les contacts au maximum avec une personne malade. La durée de survie du virus de la grippe semble être de 24 à 48 heures sur des surfaces dures (comme des pièces de monnaie), de 8 à 10 heures sur du tissu (vêtements, papier, mouchoirs) et de l’ordre de 5 minutes sur les mains. Une personne infectée peut être contagieuse le jour précédant l’apparition des symptômes et peut transmettre le virus pendant 5 à 10 jours. Néanmoins, prudence avec les enfants qui peuvent être contagieux pendant plus de 10 jours. Le périmètre autour d’une personne infectée serait de 2 mètres pour éviter la contagion. Ne pas oublier que la majorité des contaminations se fait par des projections respiratoires, de ce fait, il est recommandé de porter un masque de protection quand on est malade ou en prévention, afin de limiter l’émission de micro gouttelettes contaminantes pour l’entourage.

Fréquenter au minimum les lieux publics, les transports en commun et limiter la consommation de tabac.

Se laver fréquemment les mains en évitant de se toucher les yeux, la bouche ou le nez qui sont des portes d’entrée. En l’absence de point d’eau, désinfecter les mains avec un gel hydroalcoolique sans rinçage. Désinfecter les poignées de porte, les combinés de téléphone et tout objet pouvant être en contact avec un malade ou plusieurs personnes est également conseillé.

Renforcer son immunité est un autre réflexe majeur à développer. En hiver, presque toutes les personnes sont exposées au virus de la grippe, mais en fonction de la réponse immunitaire de chacun, certaines en souffriront plus que d’autres. Le système immunitaire peut donc être renforcé par :

  • Une alimentation saine en diminuant sa consommation d’alcool, de sucre et de caféine.
  • Un sommeil suffisant pour ne pas affaiblir son organisme (7 heures par nuit pour un adulte).
  • Une activité sportive régulière.
  • L’utilisation de probiotiques pour renforcer sa flore intestinale et aider à lutter contre les infections.

 

Enfin, le vaccin contre la grippe peut être fait avant l’hiver afin de se protéger. La campagne de vaccination commence habituellement début octobre et pour faire face à la circulation des virus grippaux, les autorités médicales offrent la vaccination gratuite (prise en charge du vaccin) aux personnes qui sont les plus à risque de contracter la grippe ou d’avoir des complications graves :

  • Les jeunes enfants de 6 à 23 mois,
  • Les personnes de 60 ans et plus,
  • Les personnes atteintes de certaines maladies chroniques,
  • Les professionnels de santé.

 

On pourra aussi conseiller cette vaccination à l’entourage familial de nourrissons de moins de 6 mois qui ont des facteurs de risque (prématuré, cardiopathie, pathologie pulmonaire ou encore déficit immunitaire congénital). La vaccination est également fortement recommandée pour les femmes enceintes. En effet, la vaccination chez la future maman confère une immunité passive au nourrisson pendant les 3 premiers mois de sa vie par transfert des anticorps maternels au fœtus durant la grossesse. Après la naissance, ces anticorps resteront protecteurs durant 2 à 3 mois.

Le réseau mondial de l’OMS pour la surveillance de la grippe établit chaque année la composition du vaccin, imposée par les modifications génétiques constantes des virus grippaux. En général, le vaccin comprend une protection contre plusieurs types et souches de virus grippaux en circulation.

Administré par voie intramusculaire, le vaccin est efficace 15 jours après l’injection. Son taux d’efficacité varie entre 70 à 90% en fonction de l’âge, du système immunitaire du patient, mais aussi de sa similitude avec les virus circulants. La protection est effective de 10 à 12 mois, il faut donc refaire le vaccin chaque année.

Une légère réaction locale peut être observée à l’injection du vaccin, mais en aucun cas il ne peut provoquer la grippe puisque ces vaccins ne contiennent aucun virus vivant inactivé. Ce vaccin ne protège pas contre le rhume et autres rhinopharyngites de l’hiver non dus aux virus de la grippe.

La vaccination est possible chez votre pharmacien. Plus besoin de prendre RDV chez le médecin, votre pharmacien est dorénavant formé pour réaliser le vaccin à l’officine, une raison de plus pour facilement le faire et être protégé tout l’hiver. Un vaccin sans aiguille existe aussi par voie nasale. S’agissant d’un vaccin vivant atténué non conditionné de façon unitaire, il est réalisé en milieu hospitalier.

 

Comment soigner la grippe ?

 

Les médicaments traditionnels contre la grippe

Des antipyrétiques sont généralement prescrits pour faire baisser la température, mais uniquement le paracétamol. L’aspirine et l'ibuprofène sont contre-indiqués. En effet, la molécule contenue dans l’aspirine peut provoquer un syndrome de Reye, maladie du système nerveux très grave et parfois mortelle, chez des enfants ou même des adultes qui ont la grippe ou la varicelle. L’ibuprofène peut être utilisé, toutefois avec prudence et seulement sur indication médicale à cause des risques d’ulcères de l’estomac et de ses nombreuses contre-indications. À noter que l’élévation de la température du corps fait partie du processus normal de lutte contre une infection. En cas de douleurs importantes ou de forte température, il convient de prendre des antipyrétiques et de contacter son médecin. Un décongestionnant, un sirop pour la toux ou un produit pour le mal de gorge peuvent être associés.

Le repos et l’hydratation font également partie des soins obligatoires en cas de grippe. Boire plus de 1,5 litres d’eau dans la journée, humidifier la pièce avec des réservoirs d’eau sur tous les radiateurs ou un humidificateur électrique, aérer les pièces, dormir la fenêtre légèrement entrouverte dans des draps chauds, sont fortement conseillés pour guérir de la grippe.

Les traitements antiviraux pour prévenir la grippe

Il existe des médicaments antiviraux actifs sur la grippe et dont l’utilisation précoce, dès les premières 48 heures de la grippe, pour des personnes fragiles ou non, montre une réduction de la durée de la maladie et de la gravité des symptômes lorsque ceux-ci sont très importants. Appartenant à la famille des antineuraminidases (INA), ces médicaments bloquent la neuraminidase qui est nécessaire au virus pour sortir des cellules qu’il contamine. Ainsi, en cas de prise d’antineuraminidase, le virus grippal reste prisonnier des cellules hôtes, ce qui a pour effet de limiter l’infection ainsi que sa contagion.

Ces médicaments sont actifs sur les virus de la grippe de type A et B et uniquement s’ils sont administrés très précocement dans les premières 48h de la maladie. L’obtention se fait sur ordonnance après consultation du médecin.

Les traitements homéopathiques contre la grippe

L’homéopathie peut être une alliée précieuse dans le cadre de la grippe, aussi bien en curatif (associée aux traitements classiques) qu’en préventif.

La phytothérapie contre la grippe

La phytothérapie représente une bonne alternative et un bon complément aux médicaments classiques du traitement de la grippe.

Parmi les plantes qui permettent de faire baisser la température, on retrouve traditionnellement l’écorce de Quinquina rouge, le Saule blanc, la Reine des prés. Celles-ci peuvent être associées à d’autres plantes qui permettent d’évacuer la chaleur comme le Sureau noir et la Violette. Ces associations permettent de lutter contre les fortes températures observées pendant la grippe.

Enfin, l’Eucalyptus joue un rôle de plante antiseptique alors que le Curcuma aurait des effets plutôt de type antiviral. Pour stimuler les défenses immunitaires, ce sont des plantes immunostimulantes comme l’Echninacea qui sont conseillées.

L’aromathérapie contre la grippe

Parmi les huiles essentielles qui ont des propriétés antivirales dues à la présence conjointe d’eucalyptol et d’un alcool terpénique ou d’une très grande richesse en alcools terpéniques purs, il est possible de citer :

  • l'huile essentielle de Ravintsara,
  • l'huile essentielle de Niaouli,
  • l'huile essentielle d'Eucalyptus radié,
  • l'huile essentielle de Cannelle,
  • l'huile essentielle de Laurier noble.

 

Demander conseil à votre pharmacien pour les voies d’utilisation et la posologie de ces huiles essentielles. Leur utilisation ne convient pas aux femmes enceintes et enfants de moins de 6 ans.

 

Comment récupérer après un épisode grippal ?

 

Après un épisode grippal, l’organisme reste très fatigué et par conséquent sensible à de nouvelles infections. Afin de rebooster votre organisme et d’éviter toute autre contamination par d’autres microorganismes, une alimentation riche en vitamine C (au moins 500mg par jour, pendant 20 jours) est conseillée chez l’adulte. La consommation de probiotiques est également recommandée. Ces compléments alimentaires qui contiennent des lactobacilles renforcent la flore intestinale perturbée par les attaques du virus grippal. Le magnésium permet de lutter contre la faiblesse musculaire et la fatigue persistante. À savoir que les lentilles, les germes de blé, le pain complet sont sources alimentaires de magnésium. Enfin, la gelée royale, véritable concentré d’oligo-éléments vitamines et acides aminés, puis le sureau noir aux vertus curatives, permettent de lutter contre les symptômes de l’état grippal et de remettre sur pied.

 

Quelles sont les complications possibles de la grippe ?

 

La grippe peut entraîner des complications plus ou moins sévères qui peuvent être parfois mortelles chez certaines personnes dites « fragilisées ». Parmi ces personnes fragiles, on retrouve : les enfants en bas âge, les personnes âgées, les femmes enceintes, les malades chroniques et notamment pour des pathologies respiratoires ou cardiaques et les personnes souffrant d’un déficit immunitaire.

Ces complications se manifestent sous forme de sinusite ou de bronchite à l’issue de la grippe. Certaines plus graves, mais heureusement rares peuvent s’observer avec notamment des complications bactériennes telles que l’apparition, environ une dizaine de jours après l’épisode grippal d’une pneumopathie, pneumonie, pleurésie ou encore une méningite.

La grippe peut aussi faire le lit de maladie sous-jacente et décompenser. Par exemple, un asthme jusqu’alors bien maîtrisé ou une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO est une forme grave de bronchite qui affecte le souffle et provoque des dommages irréversibles des poumons à évolution lente sur plusieurs années, souvent chez les fumeurs). Ces décompensations peuvent provoquer des symptômes très violents de détresse respiratoire pouvant mener à la mort du patient.

Enfin, les virus de la grippe peuvent déclencher une réaction immunitaire incontrôlée appelée poumon grippal qui se déclare par un syndrome de détresse respiratoire aigüe nécessitant une hospitalisation au 4 ou 5ᵉ jour de la grippe.

Chez les enfants, les complications retrouvées sont de type otites moyennes aiguës. Ces otites peuvent être virales ou surinfectées par une ou des bactéries, ce qui est le cas le plus fréquent.

Le syndrome de Reye qui est une maladie du système nerveux (stéatose hépatique et encéphalopathie) est une complication de la grippe devenue très rare depuis la contre-indication systématique de l’aspirine chez les enfants porteurs d’un syndrome grippal.