Savez-vous ce qu'est l'insuffisance rénale ? En France, plus de 82 000 personnes sont touchées par cette maladie insidieuse qui résulte de l'évolution lente de diverses pathologies, notamment le diabète et l'hypertension artérielle, responsables de 50 % des cas. Ces affections entraînent une destruction progressive des reins, compromettant gravement leur capacité à fonctionner correctement. À un stade avancé, la dialyse ou la transplantation devient souvent indispensable pour sauver la vie des patients. On fait le point avec votre pharmacien conseil DocMorris.
Qu’est-ce qu’une insuffisance rénale ?
L'insuffisance rénale est une maladie grave qui entraîne une détérioration souvent irréversible de la capacité des reins à filtrer le sang. On distingue l'insuffisance rénale aiguë, qui survient brutalement, par exemple lors d'une infection grave ou d'une hémorragie, et qui est généralement transitoire et réversible, de l'insuffisance rénale chronique, beaucoup plus fréquente. Cette dernière évolue lentement, parfois sans symptômes apparents pendant de longues années, avant de se manifester. En général, l’insuffisance rénale chronique a deux causes principales : le diabète et l’hypertension artérielle.
Les deux reins sont situés de part et d'autre de la colonne vertébrale. En forme de haricots de 12 centimètres de long, chaque rein pèse environ 160 g. Les artères rénales apportent 1 700 litres de sang par jour aux reins. Ainsi, toutes les 30 minutes, les reins filtrent tout le sang du corps humain.
Les reins ont pour fonction de :
filtrer le sang pour éliminer les déchets, les évacuer dans les urines et ne garder que les substances utiles au bon fonctionnement de l'organisme.
maintenir constante la composition du sang (quantité d'eau, de sel, de potassium...).
garder la pression artérielle au bon niveau.
transformer la vitamine D qui permet l'absorption du calcium alimentaire par l'intestin et sa fixation sur l'os.
produire une substance appelée érythropoïétine, qui stimule la production des globules rouges.
Quels sont les symptômes de l’insuffisance rénale ?
La maladie rénale chronique est une maladie longtemps silencieuse, d’évolution progressive et sans possibilité de guérison. Aussi, souvent au début de la maladie, il n’y a pas de symptômes, ce qui rend son diagnostic difficile. Quand la fonction rénale est très abîmée, certains signes commencent à apparaître avec notamment :
Une anémie (car le rein ne joue plus sa fonction de production de l’hormone érythropoïétine pour la production des globules rouges).
Des douleurs comme des crampes ou des crises de goutte, puisque le taux d’acide urique est généralement très élevé dans l'organisme.
Des problèmes dits métaboliques avec des anomalies au niveau des glucides et des lipides.
Enfin, on peut noter une hypertension et l’apparition d’œdème due à une grande quantité de sodium retenu dans l’organisme. Les reins ne filtrant pas assez les déchets qui peuvent alors s’accumuler et devenir toxiques pour l’organisme.
Qui est touché par l’insuffisance rénale ?
L’âge moyen du diagnostic pour l’insuffisance rénale est de 59 ans, avec une légère prédominance pour les hommes par rapport aux femmes. En France, c’est entre 1,7 et 2,5 millions de Français qui sont concernés par une insuffisance légère, modérée ou sévère. Pour 80 000 patients, ceux dont les reins sont détruits à plus de 85% (on parle d’insuffisance rénale terminale), seul le recours à la dialyse ou à la greffe de reins est possible. Mais, il est parfaitement connu que la moitié des insuffisances rénales est liée aux maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension artérielle mal contrôlée.
En effet, le diabète induit une détérioration des petits vaisseaux au niveau du glomérule, ce qui entraîne à terme le dysfonctionnement des reins, on parle alors de néphropathie diabétique, qui est la première cause d’insuffisance rénale en France.
L’hypertension artérielle est l’autre cause principale d’insuffisance rénale, car elle s’associe à des rétrécissements des petites artères du rein qui peuvent alors se boucher et à une diminution de la vascularisation qui peut conduire à une défaillance rénale.
Il peut également y avoir une notion d’hérédité génétique, des maladies inflammatoires, des pyélonéphrites ou encore une maladie polykystique des reins qui peuvent mener à une insuffisance rénale chronique.
Pour l’insuffisance rénale aiguë, on peut la retrouver lors d’une infection, une intoxication par des médicaments (notamment chez des sportifs qui prennent des comprimés anti-inflammatoires non stéroïdiens) ou encore lors de calculs rénaux.
Comment diagnostiquer une insuffisance rénale ?
On réalise d'abord une analyse de biologie médicale portant sur le sang et les urines. Ensuite, l'examen de référence consiste en le calcul du débit de filtration glomérulaire, basé sur le taux de créatininémie, permettant ainsi de distinguer cinq stades.
Stade I : le débit est supérieur à 90 ml/min/1,73 m² : maladie rénale avec atteinte de l’épuration.
Stade II : débit entre 60 et 89 ml/min/1,73 m² : insuffisance rénale légère.
Stade IIIA : débit entre 45 et 59 ml/min/1,73 m² : insuffisance rénale modérée.
Stade IIIB : débit entre 30 et 44 ml/min/1,73 m² : insuffisance rénale modérée.
Stade IV : débit entre 15 et 29 ml/min/1,73 m² : insuffisance rénale sévère.
Stade V : débit inférieur à 15 ml/min/1,73 m² : insuffisance rénale terminale.
Le bilan rénal comprend également le dosage de l’urée et de l’albumine, la natrémie (taux de sodium dans le sang), la kaliémie (taux de potassium dans le sang) ainsi que des analyses d’urine. Grâce à ces valeurs, le médecin peut diagnostiquer l’insuffisance rénale et proposer alors une prise en charge en fonction du stade.
Comment traiter une insuffisance rénale ?
Il faut si possible faire le diagnostic le plus tôt possible pour mettre en place des mesures basées sur des règles hygiéno-diététiques et des traitements adaptés à chaque patient.
Une fois la maladie rénale identifiée, l’objectif des traitements est de ralentir la destruction des reins en réduisant l’inflammation à l’origine du trouble dans les glomérulonéphrites et en prescrivant un traitement dit « néphroprotecteur ». L’objectif est de retarder de plusieurs mois ou années l’évolution de l’insuffisance rénale vers son stade terminal.
L’adoption d’une bonne hygiène de vie permet, elle aussi, de ralentir la destruction des reins. L’arrêt du tabac et l’adoption d’un régime alimentaire adapté est indispensable (réduction des protéines animales et des apports en phosphore, sodium, potassium, lipides, boire suffisamment), tout comme l’exercice physique quotidien.
Au niveau médical :
Un contrôle de la pression artérielle pour tenter d’atteindre des valeurs de 130/80 mm Hg en moyenne, en préconisant des mesures hygiéniques et diététiques (alimentation moins salée, correction du surpoids, etc.), et médicamenteuses.
La prise en charge des facteurs de risques cardiovasculaires, qui augmentent par le déclin de la fonction rénale. Différentes mesures visent alors à réduire l’excès de cholestérol, contrôler les taux de sucre en cas de diabète, encourager les patients à arrêter de fumer et à pratiquer un exercice physique régulier.
La correction de l’anémiesecondaire à l’insuffisance rénale, en corrigeant d'abord les différents déficits en vitamines et en fer, et en introduisant éventuellement un traitement substitutif en érythropoïétine (hormone qui stimule la formation et la croissance des globules rouges).
La correction des anomalies du métabolisme du calcium et du phosphore sanguin, qui entraînent des conséquences non seulement sur les os, mais aussi sur les vaisseaux (calcifications vasculaires). Des mesures visant à diminuer l’absorption des phosphates alimentaires doivent être mises en place. En outre, le manque de vitamine D sera substitué.
En conclusion, lorsque l'insuffisance rénale chronique atteint un stade avancé (85 à 90 % des reins touchés), elle évolue en insuffisance rénale terminale, provoquant une accumulation toxique d'urée dans le corps, appelée urémie. Cette condition grave nécessite impérativement un traitement de substitution rénale pour éviter des complications médicales sévères et le décès. Les options de traitement comprennent l'hémodialyse, la dialyse péritonéale et la transplantation rénale. Chaque patient atteint d'insuffisance rénale chronique sévère est informé de ces solutions lors d'une consultation médicale.