Avec plus de 4 millions de personnes diabétiques en France, soit près de 400 nouveaux cas par jour selon la Fédération française des diabétiques, on parle aujourd’hui d’une véritable épidémie de diabète. Le prédiabète, associé à un taux de sucre trop élevé dans le sang, présente une particularité : il est réversible. S’il concerne environ 6% de la population (soit 820 000 personnes qui ignorent en être atteintes), il est crucial de le dépister pour éviter l’évolution de la maladie de manière irréversible et définitive d’un diabète de type 2. Votre pharmacien conseil DocMorris fait un point complet sur ce prédiabète.
Le prédiabète, qu’est-ce que c’est ?
Le prédiabète est une condition métabolique qui se situe entre la normoglycémie et le diabète de type 2. Il se caractérise par une glycémie à jeun élevée, mais pas encore suffisamment élevée pour être considérée comme un diabète. C’est un signe d'alerte précoce que le corps ne traite pas correctement le glucose.
Le prédiabète est souvent associé à une résistance à l'insuline, ce qui signifie que les cellules ne répondent pas efficacement à l'insuline produite par le pancréas. L'insuline est une hormone qui permet aux cellules d'absorber le glucose (sucre) présent dans le sang et de l'utiliser comme source d'énergie. Lorsque les cellules deviennent résistantes à l'insuline, le glucose s'accumule dans le sang, ce qui entraîne une hyperglycémie.
Le prédiabète se caractérise biologiquement par une glycémie à jeun (taux de sucre dans le sang) comprise entre 1,10 g/l et 1,25 g/l, correspondant ainsi à une hyperglycémie modérée.
Prédiabètique : quels sont les symptômes ?
Certaines personnes atteintes de prédiabète peuvent présenter des symptômes tels que de la fatigue, une soif excessive, des mictions fréquentes ou encore une vision floue.
Le prédiabète peut effectivement être repéré par une soif persistante. Ne vous inquiétez pas si vous avez consommé un repas particulièrement salé, si votre lieu de travail ou votre domicile est surchauffé ou en été, car une soif accrue est normale dans ces situations. En revanche, si vous ressentez une soif excessive sans raison apparente, avec une envie fréquente d’uriner, cela pourrait indiquer un prédiabète.
Il est donc important de consulter un médecin pour un dépistage régulier si vous présentez ces symptômes, ou si vous avez des facteurs de risque tels que l'obésité, l'hérédité ou un mode de vie sédentaire. Certains autres indicateurs peuvent alerter sur un éventuel stade de prédiabète comme :
Un surpoids,
Un taux de cholestérol élevé,
De mauvaises habitudes alimentaires,
Avoir eu un enfant de plus de 4 kg à la naissance.
En l’absence de symptômes, le prédiabète n’est en moyenne détecté qu'après dix ans de progression silencieuse. Si le prédiabète n'est pas identifié et traité, il peut évoluer vers un diabète de type 2, une maladie chronique qui affecte la capacité du corps à réguler la glycémie, à l’origine de nombreuses complications graves, telles que des maladies cardiovasculaires, des problèmes rénaux, des troubles de la vision et des lésions nerveuses.
Comment identifier un prédiabète ?
L’examen biologique de référence pour le dépistage est la glycémie à jeun : c'est la mesure de la glycémie après une période de jeûne de 8 heures. Une glycémie à jeun normale est généralement inférieure à 1,0 g/L. Une glycémie à jeun entre 1,0 et 1,25 g/L est considérée comme un prédiabète. Une glycémie à jeun de 1,26 g/L ou plus est diagnostiquée comme un diabète de type 2.
Quels sont les facteurs de risque de prédiabète ?
Plusieurs facteurs peuvent favoriser la survenue d’un prédiabète, comme :
Un âge supérieur à 45 ans.
Un tour de taille supérieur à 94 cm chez l’homme et 80 cm chez la femme. En effet, la localisation des graisses sur le corps joue un rôle important dans le risque d’apparition d’un prédiabète. Une accumulation de graisse autour de la taille, des hanches et de l'abdomen peut indiquer une résistance à l'insuline, facteur prédictif d’un possible prédiabète.
Des cystites récidivantes. Il y a bien sûr de nombreuses causes aux cystites et cela ne signifie donc pas que l’on est forcément prédiabétique, mais elles se manifestent de manière très fréquente en cas de prédiabète. Les urines, riches en sucre, favorisent la prolifération des germes et notamment de la bactérie souvent responsable des cystites : Escherichia coli. Le point de repère : plus de 2 cystites dans un trimestre, il faut consulter.
Des antécédents familiaux de diabète et donc l’hérédité familiale : si un parent est diabétique, le risque de faire un prédiabète est de 40%, et si les 2 parents sont touchés, ce risque monte à 70%. Le savoir permet d’être vigilant et de se faire dépister dès que possible.
La sédentarité : c’est comme un leitmotiv pour toutes les pathologies chroniques, mais l’activité physique régulière aide à réduire le risque de faire un prédiabète. Les recommandations sont au moins 30 minutes par jour d’exercice d’intensité modérée comme la marche rapide, la natation ou encore le vélo.
Quelles mesures prendre pour ne pas développer un diabète ?
Heureusement, il est possible de prévenir ou de retarder le développement du diabète de type 2 en adoptant un mode de vie sain. Voici quelques mesures que vous pouvez prendre pour réduire votre risque de développer un diabète, à commencer par la pratique régulière d’une activité physique et une alimentation équilibrée :
Marcher au moins 30 minutes par jour et profiter de toutes les occasions de bouger (monter les escaliers, jardiner…).
Reprendre un bon équilibre alimentaire avec au moins 5 fruits et légumes par jour, des féculents (à chaque repas et selon l’appétit), des produits laitiers (2 par jour pour les adultes, 3 à 4 pour les personnes âgées), de la viande, du poisson ou des œufs (1 à 2 fois par jour).
Les matières grasses ajoutées, les produits sucrés et le sel sont à limiter.
La consommation de produits frits, plats préparés (contenant des graisses et des sucres cachés), viennoiseries est déconseillée.
Côté boissons, il vaut mieux privilégier l’eau.
Mémo anti-prédiabète en 10 points
Maintenez un poids santé : perdre seulement 5 à 10 % de votre poids corporel peut avoir un impact significatif sur votre glycémie.
Faites de l'exercice régulièrement : l'activité physique aide à améliorer la sensibilité à l'insuline et à maintenir un poids santé. Essayez de faire au moins 150 minutes d'exercice modéré par semaine.
Adoptez une alimentation équilibrée : limitez votre consommation de sucres ajoutés, de graisses saturées et de sel. Optez pour des aliments riches en fibres, en protéines maigres et en glucides complexes. Privilégiez les aliments frais et non transformés.
Limitez votre consommation d'alcool : la consommation excessive d'alcool peut augmenter le risque de développer un diabète de type 2. Limitez votre consommation à des quantités modérées.
Évitez la sédentarité : essayez de ne pas rester assis pendant de longues périodes. Faites des pauses régulières pour bouger et trouver des occasions de marcher ou de faire de l'exercice.
Gérez votre stress : le stress peut contribuer à la résistance à l'insuline. Trouvez des moyens de gérer votre stress, comme la méditation, le yoga ou d'autres activités relaxantes.
Dormez suffisamment : le manque de sommeil peut perturber l'équilibre hormonal du corps, ce qui peut affecter la régulation de la glycémie. Essayez de dormir au moins 7 à 8 heures par nuit.
Évitez le tabagisme : le tabagisme est un facteur de risque pour de nombreuses maladies, y compris le diabète de type 2. Si vous fumez, envisagez de demander de l'aide pour arrêter.
Consultez régulièrement votre médecin : faites des contrôles réguliers de votre glycémie et discutez avec votre médecin de vos risques et de vos mesures préventives.
Éducation et soutien : recherchez des programmes d'éducation sur le diabète qui vous aideront à mieux comprendre la maladie et à adopter des habitudes de vie saines. Le soutien de votre famille et de vos amis peut également être précieux pour vous aider à atteindre vos objectifs.
Il est important de noter que le prédiabète peut être asymptomatique, c'est pourquoi il est crucial de faire des examens de dépistage réguliers. Si vous êtes à risque ou si vous présentez des symptômes, consultez votre médecin pour un dépistage de prédiabète. Votre médecin pourra vous recommander des tests de dépistage de la glycémie et vous donner des conseils personnalisés sur les mesures à prendre pour réduire votre risque.
En conclusion, le prédiabète est un signal d'alerte précoce que le corps ne traite pas correctement le glucose. En adoptant un mode de vie sain, vous pouvez prévenir ou retarder le développement du diabète de type 2. N'hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour obtenir des conseils et un suivi adapté à votre situation.