Qu’est-ce qu’un cancer de la peau ?
On parle de cancer quand il se produit une prolifération anarchique de cellules naturellement présentes dans l’organisme. Cette maladie devient problématique lorsque ces cellules anormales gênent le fonctionnement des organes – et notamment des organes vitaux. On parle de cancer de la peau ou cancer cutané, lorsque le site de développement initial de la maladie est la peau. Il faut savoir que la peau est composée de différentes couches de cellules : l’épiderme, le derme et l’hypoderme.On distingue principalement deux grands types de cancer cutané :
Les carcinomes qui se développent à partir des kératinocytes, cellules profondes de l’épiderme.
Les mélanomes qui se développent à partir des mélanocytes, cellules pigmentaires de l’épiderme.
Parmi tous les cancers de la peau, les carcinomes représentent 90 % des cas diagnostiqués (dont les carcinomes basocellulaires 70% et les carcinomes épidermoïdes 20%) et les mélanomes de la peau 10 % des cas.
Le mélanome, bien que plus connu, n’est pas le plus fréquent ; il est généralement plus sévère qu’un carcinome. Le mélanome apparaît le plus souvent entre 50 et 60 ans. Il atteint plus volontiers les zones de la peau exposées au soleil, mais peut toucher toutes les zones de l’épiderme. Comme les yeux ont aussi des cellules mélanocytes, on rencontre également des mélanomes oculaires.
Le mélanome cutané tend, en cas de facteur invasif, à former des métastases dans environ 20% des cas. Le stade métastatique est le plus redouté dans une pathologie cancéreuse, car les cellules cancéreuses se propagent alors dans l’organisme et peuvent coloniser d’autres organes. Les sites de prédilection des métastases du mélanome sont les poumons, le foie et le cerveau. Elles peuvent toutefois proliférer dans n’importe quel autre tissu de l’organisme.
Le carcinome est beaucoup plus commun et fréquent que le mélanome, mais aussi beaucoup moins dangereux. On distingue deux types de carcinomes cutanés :
Le carcinome basocellulaire : Il n’évolue presque jamais vers un stade métastatique. C’est un cancer d’évolution lente, peu agressif. Sa croissance peut rester locale, mais en augmentant de taille progressivement, comme c’est souvent le cas avec des tumeurs malignes. Il doit être pris en charge pour ne pas provoquer de troubles fonctionnels, de douleurs ou d’hémorragies. On le rencontre le plus souvent au niveau de la tête et du cou. Il prend la forme d’un nodule (boule) ferme et rosé qui apparaît sur une peau saine, ou, plus rarement, d’une masse creuse en son centre (ulcère). Son incidence est plus élevée chez les personnes plus âgées que dans le cas du mélanome, avec une moyenne d’âge au diagnostic de 66 ans, chez l’homme comme chez la femme.
Le carcinome épidermoïde/ spinocellulaire : Le carcinome épidermoïde ou carcinome spinocellulaire, se développe à partir de kératinocytes moins profonds. Comme le mélanome, il apparaît préférentiellement sur les zones de la peau exposées au soleil. Il peut aussi se développer n’importe où, y compris sur les muqueuses. Il survient communément à la suite d’une lésion préexistante, comme une brûlure ou des ulcères chroniques. Il se métastase plus volontiers que le carcinome basocellulaire, et requiert donc une prise en charge précoce. C’est un cancer de la peau que l’on rencontre le plus souvent chez une population âgée, avec une moyenne d’âge de 77 ans chez la femme, et 74 ans chez l’homme au moment du diagnostic.
Quels sont les symptômes d’un cancer de la peau ?
Une petite plaie qui ne guérit pas, un nodule rosé, une croûte, une plaque luisante, une tache brune ou rosée, un grain de beauté qui semble se transformer, ou une sensation de brûlure et/ou de démangeaison, même sans lésion visible, sont autant de symptômes qui doivent vous interpeller.
Ce qu’il faut retenir : un cancer est avant tout une anomalie évolutive, pouvant prendre des aspects extrêmement variés d’une personne à une autre. La conduite à tenir est donc de s’inspecter en observant et palpant la peau pour bien connaître son aspect et sa texture habituels, y compris au niveau de toutes ses particularités (grains de beauté, cicatrices, etc.). Le plus important est donc de bien connaître sa peau, car il sera ainsi plus facile de détecter l’apparition d’une anomalie ou l’évolution d’une particularité. Si une anomalie ou un changement d’aspect est constaté, alors il est important de consulter un dermatologue qui recherchera la cause du phénomène et sera à même de détecter une éventuelle pathologie cancéreuse.
Après 50 ans, une consultation annuelle chez le dermatologue est recommandée afin de surveiller et dépister au plus tôt une anomalie cutanée.
Dans 20 à 30 % des cas, les mélanomes naissent à partir d’un grain de beauté. Dans ce cas, le grain de beauté change de taille ou de couleur, ses bords deviennent irréguliers. Parfois, il prend plusieurs couleurs, par exemple, brun, rouge ou bleu-noirâtre, et saigne.
Dans 70 à 80 % des cas, les mélanomes se présentent sous la forme de taches qui ressemblent à un grain de beauté, d’apparition récente et de couleur noirâtre. En général, les mélanomes ne provoquent ni démangeaisons, ni saignements, ni douleur.
Les mélanomes peuvent être présents sur l’ensemble du corps, mais ils sont plus fréquents dans le dos (chez les hommes) et sur le bas des jambes (chez les femmes). Ils peuvent également apparaître sur les muqueuses de la bouche, du nez ou des organes génitaux. Au niveau des ongles, ils se présentent généralement sous la forme d’une bande noire dans le sens de la longueur de l’ongle qui s’élargit au fil des mois.
Appliquer la méthode ABCDE
La méthode ABCDE est un moyen mnémotechnique simple pour se souvenir des éléments à rechercher sur les grains de beauté ou autres taches :
Asymétrie : les grains de beauté ou les taches qui ne sont ni ronds, ni ovales ou qui ne sont pas homogènes en termes de couleur ou de relief doivent être particulièrement surveillés.
Bords irréguliers : des bords déchiquetés sont le signe d’un grain de beauté à surveiller.
Couleur non homogène : attention aux grains de beauté et aux taches qui mélangent plusieurs couleurs (brun, rouge, blanc, bleu ou bleu-noirâtre).
Diamètre : les grains de beauté de plus de 6 mm de diamètre doivent faire l’objet d’une surveillance attentive.
Évolution : tout changement rapide de la taille, de la forme, de la couleur ou de l’épaisseur d’un grain de beauté ou d’une tache justifie une consultation chez un dermatologue.
Si vous avez de nombreux grains de beauté, repérez ceux qui répondent à un ou plusieurs critères de la méthode ABCDE et faites-les examiner régulièrement par un dermatologue.
Quel est le rôle du soleil dans le cancer de la peau ?
Différents facteurs peuvent accroître les risques de cancer de la peau. Mais le principal, et celui auquel on pense immédiatement, est le soleil. En effet, l’exposition aux rayons du soleil est particulièrement significative dans le nombre de survenues de cancer de la peau. On estime qu’environ deux tiers des cancers de la peau sont imputables aux UV, qu’ils soient naturels (soleil) ou artificiels (cabine de bronzage).
Des coups de soleil intenses pendant l’enfance, même sporadiques, sont considérés comme d’importants facteurs favorisants. De même, une exposition régulière et prolongée au soleil (sans qu’il y ait forcément de coups de soleil) est également un facteur de risque.
D’autres facteurs individuels sont à prendre en considération. Le type de peau et de cheveux entre en ligne de compte, les personnes aux cheveux sombres et à la peau claire étant considérées comme plus à risque. La présence de nombreux grains de beauté ou d’affections cutanées chroniques est aussi un facteur de risque. Enfin, les antécédents familiaux et médicaux de chaque personne peuvent impacter ses risques de développer, un jour, un cancer de la peau.
Il faut cependant retenir que certaines mesures de prévention doivent-être prises : éviter une surexposition au soleil, prévoir une protection solaire adaptée à sa peau, ne pas s’exposer en cabines ou autres appareils de bronzage artificiels, garder une veille, et surtout consulter en cas de doute.
Quel traitement en cas de mélanome ?
Il faut savoir que la prise en charge du cancer de la peau peut varier en fonction du type de cancer diagnostiqué, de son stade d’évolution, de son agressivité et du profil du patient. C’est donc pour toutes ces raisons que l’élaboration d’un protocole de traitement est toujours réalisée, au cas par cas, par une équipe médicale pluridisciplinaire.
Habituellement, le traitement de première intention de la majorité des cancers de la peau est une résection chirurgicale. Il consiste à enlever la lésion cancéreuse localisée, ainsi qu’une marge de tissus sains autour de celle-ci pour réduire le risque de rechute. Souvent, une biopsie est réalisée dans un premier temps pour évaluer la nature cancéreuse ou non de la lésion cutanée, puis généralement une reprise chirurgicale est alors effectuée pour éliminer tous les tissus touchés.
En fonction de l’agressivité du cancer et de son étendue, des traitements supplémentaires peuvent compléter la chirurgie pour réduire les risques de récidive. Avec de la chimiothérapie et la radiothérapie qui sont, en général, les traitements adjuvants les plus fréquemment employés. L’immunothérapie et les thérapies ciblées apportent également de nouveaux espoirs dans la prise en charge des cancers de la peau de stades avancés et métastatiques.
Comment prévenir la survenue d’un cancer de la peau ?
La prévention des cancers de la peau repose sur trois mesures :
Se protéger contre les rayons ultraviolets du soleil (et en protéger ses enfants) ;
S’abstenir de fréquenter les salons de bronzage artificiel ;
Faire effectuer un examen régulier de la peau par un dermatologue, en particulier lorsqu’on est davantage à risque de développer un cancer de la peau.
Attention, le bronzage ne protège pas la peau des effets néfastes du soleil : on considère que le bronzage correspond à une protection de niveau FPS2 (Facteur de protection solaire 2). Les personnes bronzées doivent donc continuer à appliquer une protection solaire et à ne pas s’exposer exagérément. Une attention particulière est faite pour les rayons ultraviolets, car dans le rayonnement du soleil (et celui des lampes à bronzer), il existe deux types de rayons ultraviolets (UV) :
Les UVA représentent 95 % des UV de la lumière solaire et pénètrent jusqu’aux couches profondes de la peau (derme). Ils irritent la peau et favorisent la production de substances appelées radicaux libres, qui favorisent le vieillissement cutané et diminuent la capacité de la peau à lutter contre les cellules cancéreuses. Les lampes à bronzer émettent de grandes quantités d’UVA, jusqu’à cinq fois plus que le soleil. Les UVA sont capables de traverser le verre.
Les UVB représentent 5 % des UV de la lumière solaire et ne pénètrent que les couches superficielles de la peau. Néanmoins, les UVB provoquent des mutations des cellules de la peau et sont à l’origine de la plupart des cancers de la peau. Certaines lampes à bronzer émettent également des UVB. Les UVB sont arrêtés par le verre.
Enfin, connaître son phototype permet de mieux choisir sa protection solaire. Il existe 6 phototypes :
Phototype I : La peau laiteuse (rousse), brûle toujours, ne bronze jamais et possède de très nombreuses taches de rousseur. Sans protection, des coups de soleil apparaissent après seulement 10 minutes d'exposition. Elle doit utiliser une très haute protection correspondant au SPF50+.
Phototype II : La peau claire, brûle toujours, acquiert parfois un léger hâle, mais comporte tout de même de nombreuses taches de rousseur. Réactive aux UV, une très haute protection SPF50+ ou SPF50 est fortement recommandée.
Phototype III : La peau claire à mate, brûle parfois, bronze toujours (bronzage moyen), avec quelques taches de rousseur, nécessite une haute protection allant d’un SPF50 à 30.
Phototype IV : La peau mate ne brûle jamais et bronze toujours (bronzage foncé). N’ayant pas de taches de rousseur, elle peut utiliser un SPF50 à 30.
Phototype V : La peau brune ne brûle jamais et bronze toujours (bronzage très foncé). Sans taches de rousseur, elle applique un SPF entre 30 et 20.
Phototype VI : La peau noire, ne brûle jamais, n’a pas taches de rousseur, mais nécessite néanmoins l’utilisation d’un SPF entre 20 et 10.
L’albinisme : les peaux amélaniques (albinos) sont caractérisées par une très faible quantité ou une absence totale de mélanine. Extrêmement sensibles au rayonnement solaire, il est essentiel d'appliquer une protection solaire à très large spectre pour éviter les brûlures, et il est fortement déconseillé de s'exposer au soleil.
Peu importe votre phototype, que votre peau soit blanche, mate ou noire, elle est toujours agressée par les rayons du soleil. Sans protection, tout phototype peut développer un cancer de la peau. Afin de réduire les risques de cancers de la peau, il faut donc à tout prix protéger sa peau (visage et corps) des rayonnements solaires dès la naissance, en n’exposant pas les nourrissons et les enfants. Plus qu’un simple cosmétique, la photoprotection est une habitude de santé ! L’utilisation de la crème solaire sur toutes les zones exposées et en quantité suffisante, de lunettes, de chapeau et prendre l’habitude de s’installer à l’ombre permet de préserver son capital soleil et de diminuer considérablement le risque de carcinome et de mélanome. N’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien/médecin si besoin.