Véritable cocktail d’émotions, la joie de l’arrivée d’un enfant peut parfois laisser place à de la tristesse, voire même, à un sentiment de vide ou de détachement vis-à-vis du nouveau-né. Bien souvent lourde à porter, et difficile à imaginer lors de la naissance d’un enfant, la dépression post-partum existe pourtant bel et bien. Mal-être longtemps sous-estimé, elle touche en France entre 10 et 20 % des jeunes mamans, mais pas seulement… les papas sont également concernés.
Comment reconnaître les signes d’une dépression postnatale ? Comment la différencier du baby blues ? Comment préserver le couple et le nourrisson de ce phénomène ? Autant de situations qui méritent d’être expliquées aux parents et aux proches, afin de la prévenir et la surmonter, sans culpabiliser.
Dépression post-partum ou baby blues ?
Saviez-vous qu'en France, 50 à 80 % des nouvelles mères traversent une période de déprime passagère ? C’est ce qu’on appelle le baby blues ou « syndrome du troisième jour », à ne pas confondre avec la dépression post-partum qui elle concerne 10 à 20 % des mamans, dans les 4 semaines qui suivent l’accouchement.
Déstabilisant pour la maman et ses proches, le baby blues se définit par un afflux d’émotions (irritabilité, mélancolie, pleurs sans raison apparente, etc). Cette réaction naturelle et fréquente est provoquée par des changements physiologiques, notamment une chute hormonale importante, qui s’ajoute à la fatigue et à la prise de conscience du rythme imposé par le nouveau-né. Mais rassurez-vous, le baby-blues ne dure jamais bien longtemps. Vue par les psychiatres comme un passage transitoire nécessaire, cette étape marque la fin de la grossesse et le début d’une nouvelle vie en tant que mère.
Bien que cette déprime passagère soit courante chez les jeunes mamans, il convient de veiller à ce qu’elle ne se transforme pas en dépression post-partum et, le cas échéant, être capable de reconnaître les symptômes pour la surmonter.
Quels sont les symptômes de la dépression postnatale ?
Si la sensation de tristesse ou de désespoir se prolonge au cours de la première année suivant l’accouchement, il est possible que vous souffriez d’une dépression post-natale (DPN) ou post-partum (DPP). Il s’agit d’un trouble qui affecte la santé physique et mentale, et dont les principaux symptômes sont :
une agitation ou humeur changeante,
un sentiment de tristesse sans raison apparente,
un ressenti de culpabilité,
des crises de larmes,
des idées noires, comme faire du mal à votre enfant ou des pensées suicidaires,
un manque d'énergie et de motivation,
une diminution ou une augmentation de l’appétit,
des troubles du sommeil,
une difficulté de concentration ou de l’indécision,
des maux de tête ou d'estomac persistants.
La plupart de ces signes vous semblent familiers ? Dans ces conditions, il est important de ne pas vous culpabiliser et d’ôter de votre esprit ce sentiment d’être « une mauvaise mère », si tel est le cas. Afin que les émotions négatives ne prennent pas le dessus, le mieux est d’en parler directement à un professionnel de santé qui, à travers un questionnaire, sera à même d’évaluer votre bien-être émotionnel.
Comment surmonter la dépression du post-partum ?
Si vous ou votre entourage remarquez que les symptômes énumérés ci-dessus persistent et impactent fortement votre vie quotidienne, il est temps de passer à l’action !
Partagez vos ressentis sans tabou, la dépression post-partum est une pathologie rencontrée par de nombreuses personnes, qui se soigne.
Demandez de l’aide à votre conjoint.e, à votre famille ou à vos amis pour ne pas assumer toutes les responsabilités concernant le bébé et la gestion du quotidien. N’oubliez pas que vous n’êtes pas seule, votre entourage est là pour vous soutenir.
Prenez soin de vous, reposez-vous chaque fois que cela est possible, faites-vous plaisir, sortez pour vous changer les idées, mangez sainement.
Suivez une thérapie pour apprendre à faire face à ce grand changement dans votre vie, ou consultez votre médecin. La prise en charge d’une dépression post-partum est essentielle pour votre santé et celle de votre bébé.
Dépistée au plus tôt, la dépression postnatale peut être traitée efficacement. Au moindre signe, parlez-en sans tarder à vos proches et à votre médecin traitant afin qu’il puisse vous orienter vers une psychothérapie et/ou des groupes d’entraide (associations), puis une éventuelle médication adaptée à votre situation (surtout si vous allaitez).
Dépression post-partum paternelle : réalité ou fiction ?
Même s’il ne s’agit pas exactement de la même pathologie, certains pères n’échappent malheureusement pas au syndrome de dépression post-partum. Il y a beaucoup d’hommes pour qui la santé mentale est altérée pendant la grossesse ou la période du post-partum, mais la stigmatisation sociale les empêche bien souvent d’en parler.
En effet, jusqu’à 8 % des pères en France présentent des symptômes d’anxiété, d’irritabilité et de dépression liés à la paternité, qui peuvent se caractériser notamment par la colère, des comportements hyperactifs ou l’abus de certaines substances (alcool, drogue). Tout comme pour les mères, il ne faut pas hésiter à consulter pour obtenir de l’aide et du soutien.
Comment la dépression post-partum peut impacter le bébé et le couple ?
Au-delà des parents, ce trouble dépressif peut avoir un impact sur toute la famille et être à l’origine de tensions au sein du couple. Les raisons principales sont les incompréhensions liées à un manque d’écoute et de communication entre les partenaires, mais également le bouleversement et les contraintes qu’impliquent l’arrivée d’un enfant dans le quotidien des jeunes parents.
En plus de mettre le couple en péril, la dépression post-natale influe sur le développement psychoaffectif et comportemental de l’enfant. Le manque d’affection et d’attention envers l’enfant peut être à l’origine de perturbations affectives, de sentiment d’insécurité et d’abandon susceptibles de laisser des troubles pouvant resurgir plus tard. Aussi, afin de mieux vivre la parentalité et assurer le développement de votre nouveau-né dans un environnement sain, n'hésitez pas à consulter, un suivi adapté permettra d’éviter ce type de conséquences.
Vous l’aurez compris, face à une dépression post-partum, il est primordial d’agir pour sortir de ce cercle vicieux, et enfin profiter de votre vie de famille ! Si les symptômes du baby blues ressemblent bien souvent à ceux d'une dépression postnatale, leur durée et leur intensité les différencient nettement. Que vous soyez mère ou père, sachez reconnaître la dépression et accepter de l'aide. La dépression post-partum nécessite des soins, et son traitement est plus efficace lorsqu’elle est prise en charge à temps. Si elle n’est pas traitée, la dépression post-partum peut avoir de lourdes conséquences sur votre santé, celle de votre enfant et votre vie de couple. Alors, n’ayez pas honte, de nombreux parents ont traversé cette épreuve, vous n’êtes en rien responsable. Même si cela semble difficile, protégez-vous, protégez votre famille, parlez-en et n’hésitez jamais à demander de l’aide auprès de votre sage-femme, votre médecin, les PMI ou lieu d’accueil enfant-parent (LAEP).