Cholestérol : réaliser et comprendre un bilan lipidique ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 16/05/2023

femme réalisant une prise de sang

Saviez-vous que plus de 20% des personnes en France ont un taux de cholestérol supérieur à la norme ? Pourtant, le cholestérol est un corps gras indispensable à l’organisme, participant à la formation des membranes des cellules, à la synthèse de certaines hormones et à la constitution des sels biliaires et de la vitamine D. S’il est en grande partie fabriqué par le foie, une partie du cholestérol est également prélevée dans certains aliments et passe dans la circulation sanguine.

Le cholestérol n'est pas une maladie en soi, mais en excès, il constitue un facteur de risque pour d'autres maladies du cœur et des vaisseaux. Votre pharmacien conseil DocMorris fait le point sur le bilan lipidique afin de dépister un excès de cholestérol.

Qu’est-ce qu’un bilan lipidique complet ?

Un bilan lipidique complet s’effectue à partir d’une prise de sang qui est réalisée à jeun, donc le matin. Ce bilan évalue le taux de cholestérol total, dont les fractions appelées cholestérol LDL et cholestérol HDL, ainsi que les triglycérides. Des résultats aux valeurs trop élevées nécessitent de refaire une deuxième analyse de sang à jeun pour confirmer les résultats de la première.

De plus, un bilan lipidique complet implique un dépistage de l’athérosclérose. Celle-ci peut être détectée au cours d’un examen médical, en auscultant le cou, l’aine ou l’abdomen. Le médecin recherche un bruit de souffle traduisant le rétrécissement des artères. La prise du pouls permet également d’évaluer l’importance de la diminution du débit sanguin.

Quand faut-il faire une prise de sang pour un bilan lipidique ?

Comme une dyslipidémie (anomalies du taux sanguin de cholestérol et/ou des triglycérides) ne provoque généralement pas de symptômes, c’est cette prise de sang avec bilan lipidique qui pose le diagnostic. Cela permet de vérifier l’absence d’anomalies et/ou de définir, en cas d’anomalies, les moyens de les corriger afin de prévenir les complications cardiovasculaires.

Il est souvent conseillé de faire un premier bilan pour le cholestérol entre 18 et 30 ans, notamment chez les femmes, avant la mise en route d’une contraception hormonale, par pilule, patch ou anneau contraceptif. C’est ensuite à partir de 45-50 ans qu’il est important de faire un suivi régulier. Dès 50 ans, un dosage systématique du cholestérol doit être effectué tous les 5 ans chez les femmes et tous les 3 ans chez les hommes (l’excès de cholestérol étant plus fréquemment rencontré auprès des hommes que des femmes). 

Le bilan est par ailleurs proposé pour un certain nombre de pathologies chroniques (personnes atteintes d’un diabète de type 2, d’insuffisance rénale, entre autres), dans le cas de maladies métaboliques, mais aussi de maladies inflammatoires chroniques. Aussi, pour les personnes qui fument ou qui ont arrêté depuis moins de 3 ans, les personnes en surpoids ou concernées par des facteurs de risque cardiovasculaires, lors de la prise de certains médicaments, une surveillance particulière et régulière sera alors décidée par le médecin traitant. 

Un nouveau bilan peut parfois s’avérer nécessaire plus tôt si le patient :

  • Subit un évènement cardiovasculaire (AVC, infarctus du myocarde, angine de poitrine...),

  • prend du poids de façon conséquente,

  • change son mode de vie : tabagisme, sédentarité,

  • doit prendre un traitement médicamenteux qui peut modifier le taux de cholestérol, les triglycérides ou augmenter son risque cardiovasculaire.

Comment se déroule une prise de sang ?

La prise de sang se déroule le plus souvent dans un laboratoire spécialisé, mais elle peut se faire aussi dans un établissement de santé (hôpital, clinique) ou bien encore à domicile. Après avoir rempli les formalités administratives inhérentes à la prise de sang (vérification de l’identité, présentation des documents de santé avec ordonnance, carte Vitale et carte de mutuelle), le technicien procède à la pose d’un garrot et effectue le prélèvement sanguin à l’aide d’une aiguille reliée à un tube. Selon les analyses à effectuer, le prélèvement peut porter sur un ou plusieurs tubes. Ces derniers sont ensuite transmis au biologiste pour analyse. La technique de prise de sang n’est pas douloureuse, il est toutefois possible d’appliquer un patch anesthésiant 1h avant pour les enfants ou les personnes sensibles.

La prise de sang pour une exploration du bilan lipidique doit se réaliser à jeun, cela suppose donc de ne rien manger, ni boire (sauf un peu d’eau) pendant les 12h qui précèdent la prise de sang. Avant cette prise de sang du cholestérol, il faut également :

  • Ne pas fumer,

  • ne pas pratiquer une activité physique intense,

  • faire le point sur les médicaments consommés avec son médecin, car beaucoup d’entre eux peuvent affecter les résultats du bilan lipidique.

Même si les techniques sont maintenant bien standardisées, il n’est pas rare de constater des petites variations de dosage du cholestérol et des triglycérides d’un laboratoire à l’autre. Réaliser ses analyses dans le même laboratoire permet par conséquent de comparer plus facilement l’évolution des résultats.

Que révèle un bilan lipidique ?

Un bilan lipidique permet de donner différentes valeurs comme :

Le cholestérol total

Sous ce terme, on inclut dans la valeur les taux de cholestérol HDL, cholestérol LDL, mais aussi 1/5 du taux des triglycérides. Ce taux est habituellement inférieur à 2 g/L.


Le cholestérol LDL

Connu sous le terme de mauvais cholestérol, une grande majorité du cholestérol total est composé de ces LDL (lipoprotéines de faible densité). On considère 2 valeurs comme acceptables en fonction de la présence ou non de facteurs de risque cardiovasculaire.

  • En absence de risque cardiovasculaire, un taux de cholestérol LDL est normal s’il est inférieur à 1,6 g/L.

  • En présence d’un ou plusieurs facteurs de risque (exemple : homme de plus de 50 ans), la valeur limite acceptable est alors de 1,3 g/L.

Si les valeurs sont supérieures, le médecin proposera donc un traitement.

Le cholestérol HDL

Plus connu sous le nom de bon cholestérol (lipoprotéines de haute densité), son rôle est de capter le cholestérol en excès dans le sang et de le conduire au foie pour qu’il soit éliminé avec la bile. 

Un taux de cholestérol HDL est considéré comme trop faible s’il est inférieur à 0,35 g/L alors qu’un taux élevé, c'est-à-dire supérieur à 0,60 g/L protège des maladies cardiovasculaires et annule alors un facteur de risque. Par exemple, un homme de 50 ans (un facteur de risque) qui présente un taux de cholestérol LDL de 1,2 g/l et un taux de cholestérol HDL de 0,65 g/l ne sera pas considéré comme nécessitant une prise en charge médicale.

Les triglycérides

Ces molécules représentent l’essentiel des graisses du sang qui ne sont pas sous la forme de cholestérol. Le taux de glycérides augmente après un repas riche, lors d’une maladie du foie ou encore lors de la prise de certains médicaments. Cependant, un taux élevé de triglycérides (supérieur à 1,5 g/L) n’est pas complétement mis en lien avec un risque augmenté de maladie cardiovasculaire.

Enfin, pour compléter ce bilan lipidique biologique, différents facteurs sont pris en compte par le médecin pour déterminer le taux souhaitable de cholestérol HDL, parmi lesquels :

  • L’âge du patient (plus de 50 ans pour un homme ou plus de 60 ans pour une femme),

  • les antécédents familiaux de maladie cardiaque précoce type infarctus (quand le père du patient a eu un accident cardiaque avant 55 ans ou la mère avant 65 ans),

  • l’usage du tabac ou son arrêt depuis moins de 3 ans,

  • la présence d’une hypertension artérielle, même traitée,

  • un diabète de type 2,

  • un taux sanguin de cholestérol HDL inférieur à 0,40 g/L, car un taux supérieur à 0,60 g/L annule un facteur de risque.

Au final, le bilan lipidique révèle des anomalies qui peuvent concerner :

  • Le cholestérol avec augmentation de LDL-cholestérol sanguin et éventuellement un taux bas de HDL-cholestérol : c’est l’hypercholestérolémie,

  • les triglycérides dont le taux sanguin est augmenté : c’est l’hypertriglycéridémie, à la fois le cholestérol et les triglycérides : c’est la dyslipidémie mixte.

Quels sont les taux recommandés de cholestérol et de triglycérides ?

Il est bien évident que les valeurs vont être différentes selon chaque individu en fonction des différents antécédents et facteurs de risque. Mais en l’absence de facteurs de risque, les taux suivants sont considérés comme normaux :

  • Un taux de cholestérol total inférieur à 2 g/L,

  • un taux de cholestérol LDL inférieur à 1,6 g/L,

  • un taux de cholestérol HDL supérieur à 0,4 g/L,

  • un taux de triglycérides inférieur à 1,5 g/L.

Après plusieurs années de taux de cholestérol élevé, le cholestérol provoque peu à peu une perte d’élasticité des artères et réduit leur diamètre, le sang circule alors plus difficilement. On parle d’athérosclérose (ou artériosclérose), une maladie qui peut avoir de graves conséquences avec notamment la formation de caillots.

L'essentiel de la prévention repose sur le respect de règles d'hygiène de vie simples, et principalement en ce qui concerne l'alimentation. Contrairement aux idées reçues, il n'y a pas que le gras qui favorise le cholestérol, le sucre en excès tend aussi à y participer. Il vaut mieux préférer les acides gras insaturés, riches en oméga-3 ou 9, tels que l'huile d'olive, de soja, les noix, les volailles, le poisson... La solution la plus efficace étant de réduire les apports en cholestérol, et d'avoir une activité physique régulière. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter votre médecin et/ou pharmacien qui saura vous orienter pour réaliser un bilan lipidique.