La douleur est une sensation désagréable, un message d’alerte sur quelque chose qui dysfonctionne dans le corps, ce qui est généralement redouté par tous. S’il existe plusieurs types de douleurs, saviez-vous que 7 % de la population générale en France souffre de douleurs neuropathiques ? Ces personnes ne répondent souvent pas aux traitements habituels prescrits en cas de douleurs classiques dites nociceptives.
Que sont les douleurs neuropathiques ? Comment se manifestent-elles ? Quelle prise en charge ? Peuvent-elles disparaître ? Le point avec votre pharmacien conseil DocMorris pour tenter de les soulager.
Qu’est-ce qu’une douleur neuropathique ?
La douleur est un signal envoyé par le corps vers le cerveau pour nous avertir d’un dysfonctionnement, on parle alors de douleur nociceptive. Elle peut être provoquée par un traumatisme, une blessure ou par une maladie dans la plupart des cas.
On peut classer les douleurs en douleur aiguë ou chronique. La douleur aiguë, comme son nom l’indique, est vive, et l’évolution se fait vers la résolution de la douleur si un antalgique est pris. Alors que la douleur chronique se définit par une durée qui est supérieure à 3 mois, et elle est souvent multifactorielle et résistante aux traitements.
La douleur chronique est souvent entretenue par des facteurs psychologiques, sociaux et culturels provoquant des conséquences physiques, morales et sociales pour le patient. C’est dans cette catégorie de douleur chronique que l’on va retrouver les douleurs dites neuropathiques.
Cette douleur neuropathique, appelée aussi douleur neurogène, est secondaire à une atteinte du système nerveux (central ou périphérique), c’est-à-dire une atteinte touchant le cerveau, la moelle épinière ou encore les nerfs. Mais en pratique cela représente un large panel de causes possibles pour les douleurs neuropathiques, notamment chez les diabétiques (car 20 % des diabétiques ont une neuropathie douloureuse) ou après un épisode de zona.
Après un traumatisme comme une fracture ou une blessure, c’est plus de 50 % des patients qui ont des douleurs neuropathiques dans le territoire du corps qui a été touché. La sciatique est également une grande cause de douleur neuropathique, et elle est très souvent chronique car elle dure pendant des mois ou des années.
Enfin, les lésions au niveau de la moelle épinière sont des causes très fréquentes de douleurs neuropathiques puisqu’au moins 50 % des blessés médullaires souffrent de douleurs chroniques très souvent neuropathiques, également suite à des accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Comment se manifestent les douleurs neuropathiques ?
Dans le cas des douleurs neuropathiques, les sensations douloureuses sont variées et peuvent associer :
Des sensations permanentes de brûlures, picotements, engourdissements, fourmillements et des sensations de chaud et/ou froid.
Des douleurs qui peuvent être brèves et intenses comme des décharges électriques ou une augmentation ponctuelle des sensations douloureuses chroniques.
Ces sensations douloureuses peuvent être déclenchées ou s’accentuer à certains moments de la vie courante comme lors d’une émotion, d’un stress, des efforts intellectuels ou physiques importants, ou simplement lors d’un changement climatique.
Avec toutes ces variations possibles, il est parfois difficile de poser le bon diagnostic rapidement et un certain nombre d’explorations sont alors nécessaires pour les classer en douleurs neuropathiques.
Quelle prise en charge en cas de douleurs neuropathiques ?
Qui consulter pour des douleurs neuropathiques ? Dans un premier temps, le médecin traitant. Il va ensuite adresser le patient vers un spécialiste de la douleur.
Le diagnostic est posé après un examen clinique, l’étude des symptômes et de la probabilité d’une lésion nerveuse. Ces analyses peuvent être complétées par des techniques d’imagerie comme une IRM, mais aussi des études de la conduction nerveuse (EMG). Une fois le diagnostic posé, la prise en charge peut se faire selon différents modes :
Des médicaments comme des antalgiques, des antidépresseurs et/ou des anticonvulsivants. En effet, le traitement de la douleur neuropathique commence souvent par des médicaments. Ces médicaments peuvent contribuer à réduire la douleur, la rendant moins invalidante et perturbante, mais il est souvent difficile de la soulager complètement avec des médicaments. Les traitements peuvent être pris par voie orale ou appliqués en local avec des molécules anesthésiques directement sur les zones douloureuses.
De la kinésithérapie et/ou de l’ergothérapie permettant de continuer à bouger la zone douloureuse et ainsi de prévenir l’atrophie musculaire. On peut alors espérer une amélioration ou un maintien de l’amplitude de mouvement dans les articulations douloureuses, ce qui permet au corps de mieux fonctionner. Enfin, ces techniques peuvent contribuer à diminuer la sensibilité à la douleur de la zone concernée.
Une stimulation électrique (à l’aide d’électrodes placées sur la colonne vertébrale ou d’autres zones) peut être utile pour certains types de douleurs neuropathiques chroniques. Dans l’électrostimulation nerveuse transcutanée (TENS), un léger courant électrique est appliqué au moyen d’électrodes positionnées sur la peau. Les appareils de TENS sont en vente libre en pharmacie. Pour ce traitement, des électrodes de stimulation sont placées autour de la zone douloureuse.
Une stimulation des nerfs périphériques qui implique de placer des fils fins sous la peau pour stimuler un nerf périphérique donné. Les nerfs périphériques sont les nerfs se trouvant à l’extérieur du cerveau et de la moelle épinière. Les fils sont reliés à un petit dispositif (stimulateur) placé sur la peau. Ce traitement est particulièrement efficace pour la douleur neuropathique, et il cible mieux la zone douloureuse que la TENS. La mise en place des fils sous la peau est une intervention mini-invasive réalisée en ambulatoire car elle nécessite de réaliser de petites incisions dans la peau.
Une stimulation de la moelle épinière peut être utilisée pour soulager la douleur neuropathique des personnes présentant une lésion nerveuse après une chirurgie du dos par exemple. Ce traitement consiste à implanter un stimulateur de la moelle épinière en sous-cutané, généralement dans la fesse ou l’abdomen. Comme un stimulateur cardiaque, ce dispositif génère des impulsions électriques. De petits fils (électrodes) du dispositif sont placés dans l’espace entourant la moelle épinière. Ces électrodes transmettent des impulsions à la moelle épinière. Les impulsions modifient la manière dont les signaux de douleur sont envoyés au cerveau et changent ainsi la manière dont les symptômes désagréables sont perçus.
Des blocs analgésiques sont utilisés pour perturber une voie nerveuse qui transmet ou améliore les signaux de la douleur. L’utilisation de blocs analgésiques peut être employée chez les personnes présentant une douleur sévère persistante, lorsque les médicaments ne soulagent pas la douleur. Plusieurs techniques peuvent être pratiquées comme l’injection d’un anesthésique local dans la région entourant les nerfs pour empêcher les nerfs d’envoyer des signaux de douleur (les médecins utilisent généralement l’échographie pour leur permettre de localiser les nerfs à traiter). Il est possible également d’injecter une substance caustique (telle qu’un phénol) dans un nerf pour le détruire. Des techniques de refroidissement d’un nerf (cryothérapie) peuvent être proposées ou encore l’ablation d’un nerf par chirurgie.
Aussi, le traitement de la douleur neuropathique peut varier en fonction de l’affection spécifique qui en est à l’origine. À titre d’exemple, si la cause est le diabète, un meilleur contrôle de la glycémie peut permettre de ralentir la progression des lésions nerveuses responsables de la douleur. Des traitements naturels, généralement à base de plantes ou d’huiles essentielles, peuvent également soulager certaines douleurs neuropathiques, en veillant toujours à en parler à son médecin et/ou pharmacien avant emploi.
Les douleurs neuropathiques peuvent-elles disparaître ?
Il est malheureusement très rare que les douleurs neuropathiques disparaissent complètement, bien que les nerfs touchés puissent se réparer partiellement. Néanmoins, les patients apprennent à l'aide de ces traitements à mieux gérer la douleur et la considèrent généralement comme moins intense.
Faisant partie des douleurs chroniques, la douleur neuropathique peut s’atténuer, sauf dans les cas où la compression du nerf est arrêtée (exemple : compression par une tumeur qui diminue de volume par un traitement).
Dans tous les cas, il est important de consulter son médecin traitant et de demander conseil à son pharmacien afin de pouvoir trouver le meilleur traitement adapté qui permettra de soulager les douleurs neuropathiques.