Suite à la diffusion en avril 2017 du documentaire «Tampon, notre ennemi intime», de nombreuses réactions ont eu lieu de la part des femmes, des médias, des médecins. Les femmes utilisatrices de ces protections hygiéniques se sont posé de nombreuses questions, inquiètes pour leur santé ou celles de leurs filles. Un point s’impose avec votre pharmacien conseil pour répondre à vos questions, et pour trouver éventuellement une ou des alternatives à l’utilisation de tampons hygiéniques lors du cycle des règles chaque mois.
De l'adolescence à la ménopause, elles font partie de la vie des femmes. Elles, ce sont les règles qui se matérialisent tous les 28 jours sous la forme de pertes de sang dues à la perte d'une couche de l'endomètre (c’est-à-dire la muqueuse de l'utérus) en l'absence de grossesse. Les règles, ou menstruations sont absorbées par des protections hygiéniques. Faisons le point entre les serviettes, les tampons, les coupes menstruelles et autres éponges disponibles actuellement en France.
Les serviettes hygiéniques
- Principe : Les serviettes hygiéniques sont des dispositifs absorbants qui se placent en dehors du corps, à l’intérieur du sous-vêtement et qui existent en plusieurs tailles pour s’adapter au flux et à la morphologie de chacune.
- Les plus : La facilité d’utilisation. Il faut en changer 3-4 fois par jour et pour les femmes qui ont peur ou qui ne veulent pas rentrer quelque chose à l’intérieur du vagin, c’est la solution la plus simple.
- Les moins : Il peut parfois y avoir des allergies aux composants des serviettes hygiéniques. Elles sont moins discrètes que des protections internes et comportent un risque de fuite en cas de flux abondant. Enfin, elles peuvent dégager une odeur selon les personnes.
A noter qu’il existe également des serviettes hygiéniques lavables et donc réutilisable, une solution plus économique et écologique que les serviettes jetables.
Les tampons hygiéniques
- Principe : Placés à l’intérieur du vagin, ces petits bâtonnets de viscose ou de coton (c’est là toute la polémique sur la composition exacte des tampons) permettent d’absorber le flux des règles. Ils sont jetables.
- Les plus : C’est très pratique, on ne voit pratiquement pas le sang et cela permet aux femmes de pratiquer une activité sportive sans risque de fuite. Il est plutôt bien toléré en général, et les femmes en portent même assez jeunes. À tous ces avantages s’ajoute celui de la discrétion.
- Les moins : Le tampon est dangereux dès lors qu’on l’oublie. En effet, il faut le changer toutes les 4 à 6 heures. Cela arrive relativement souvent que les femmes oublient leur tampon une journée ou deux. Au bout d’une semaine, elles se rendent compte que cela sent très mauvais et qu’elles ont des pertes très importantes et lors d’une consultation en urgence, c’est souvent un tampon oublié qui est découvert.
Les tampons peuvent être responsables d’une maladie rare mais malheureusement en recrudescence, qui est le Syndrome de Choc Toxique (SCT).
Qu'est-ce que le Syndrome du Choc Toxique (SCT) ?
Le Syndrome du Choc Toxique est une maladie infectieuse liée à la multiplication de bactéries de type Staphylocoques doré (Staphylococcus aureus), qui doit être traitée très rapidement, car elle peut affecter les organes et les extrémités des membres, nécessitant alors une intervention chirurgicale. C'est est une infection rare et aigue et potentiellement mortelle. La bactérie est présente chez environ 30% de la population et notamment dans le nez, l’arrière de la gorge, le rectum ou même la peau. Elle se trouve aussi dans le vagin chez 10 à 20% des femmes. Habituellement, cette bactérie n’est pas dangereuse et une infection légère du nez ou de la gorge se soignera facilement.
Le choc toxique n’est pas toujours lié à l’utilisation de tampons hygiéniques, mais environ la moitié des cas de SCT concernent des femmes et des jeunes filles ayant utilisé des tampons hygiéniques. Utliser des tampons avec applicateur, une hygiène stricte des mains ainsi qu’un changement de tampons toutes les 4 heures sont des facteurs protecteurs de cette infection.
Les symptômes du SCT se manifestent généralement après 2 à 3 jours d’utilisation de tampons hygiéniques et ils apparaissent sous la forme d’une forte fièvre, de vomissements, de diarrhée, de maux de tête, d’étourdissements et d’évanouissements, de douleurs musculaires et quelques fois sous la forme d’une éruption cutanée comme un coup de soleil géant. Dans ce cas, une consultation en urgence est nécessaire.
Pour la prévention du SCT, des mesures simples existent pour les femmes qui utilisent des tampons, mais aussi des diaphragmes ou des éponges à visée contraceptive :
- Changer impérativement les tampons toutes les 4 à 6 heures maximum.
- Se laver les mains avant et après chaque manipulation des tampons.
- Alterner si possible les tampons et les serviettes.
- Privilégier les tampons dont le pouvoir d’absorption correspond aux réels besoin du flux (en évitant les hyper absorbants au maximum, le risque du SCT augmentant avec ce genre de tampons).
Les éponges menstruelles
- Le principe : Il s'agit d'une véritable éponge de mer. Tout comme le tampon, l’éponge menstruelle se place à l’intérieur du vagin et recueille le flux menstruel. Lavable à l’eau chaude avec un savon de pH neutre, elle peut être utilisée plusieurs fois. C’est une pratique encore très marginale.
- Les plus : L'éponge est plutôt bien tolérée car elle est non-irritante et les femmes qui l’ont testé l’apprécient pour son coté écologique. Il n’y a pas de tissus, ni de coton qui sont introduits dans le vagin. Une fois bien nettoyée, il y aurait moins de risque qu’un tampon laissé en place trop longtemps.
- Les moins : Sans ficelle, ni applicateur, ni tige, l’éponge menstruelle peut être difficile à retirer pour certaines femmes. Tout comme avec la coupe menstruelle, une précaution lors du retrait est à prendre car il s’agit notamment de la retirer tout doucement pour les femmes ayant un stérilet.
La coupe menstruelle
C’est la nouveauté ! On la retrouve sous le nom de cup menstruelle ou coupelle menstruelle, mais elle est souvent plus connue sous le nom de Cup.
- Le principe : C’est une petite coupe en forme de cloche aux bords arrondis et terminée le plus souvent par une petite tige permettant un retrait plus aisé. Généralement en silicone de qualité médicale, elle est habituellement très souple ou plus rigide selon les modèles. La coupe menstruelle est introduite comme un tampon et permet de recueillir le flux menstruel. Elle est insérée dans le vagin en la pliant, ce qui lui donne la taille d’un tampon normal et lorsqu’elle se déplie, il se crée un effet ventouse entre les parois vaginales et le bord rond de la Cup, ce qui la maintient en place.
- Les plus : Contrairement à un tampon hygiénique ou une serviette, la coupe menstruelle n’absorbe pas le sang, et le récupère directement à l’intérieur du corps. Cette Cup est perçue comme une alternative écologique et révolutionnaire pour le confort des femmes pendant les règles.
- Les moins : Elle doit être vidée et rincée à l’eau claire 1 à 2 fois par jour, mais les fabricants disent qu’il est possible de la garder 8 heures d’affilée. Mais attention, ce qui est vrai pour un tampon, c’est-à-dire ne pas être gardé plus de 4 heures à cause du risque de Syndrome de choc toxique (lié à la multiplication de bactéries au niveau du tampon qui recueille le sang), l’est aussi pour la Cup. Elle devra donc être vidée régulièrement pendant la journée. Entre deux cycles, la Cup doit être plongée dans de l’eau bouillante pendant quelques minutes, de façon à ce qu’elle soit stérilisée. Rangez-la ensuite dans le petit sac de protection généralement fourni avec.
Coupe menstruelle et sport ?
Oui pour la natation, oui pour la course à pied, et oui pour toutes les activités sportives ! En effet, courir avec un tampon peut être très désagréable s’il est en place depuis un moment, ou rempli de sang. Il faut donc impérativement le changer avant sa séance. La Cup est une protection idéale pour le sport, et de nombreuses athlètes l’utilisent déjà car elle reste en place sans gêne, et permet donc de bouger sans risque de fuite, sans même sentir qu’elle est là. De plus, grâce à la Cup, l’eau chlorée ne peut plus venir agresser la flore intime lors de vos séances de natation.
Vous êtes convaincues ?
Avant de sauter le pas et de s’équiper d’une coupe menstruelle, la femme doit être à l’aise avec son corps pour pouvoir l’insérer et la retirer. Elle est confrontée plus directement aux fluides menstruels puisqu’ils ne sont pas absorbés. Cette réalité est différemment appréciée selon la représentation qu’a la femme de ses règles.
Si l’accès à un lavabo n’est pas possible, une petite bouteille d’eau est suffisante pour rincer la Cup. L’astuce étant d’avoir une deuxième Cup, si la première ne peut être nettoyée directement.
Dans tous les cas, comme avec les autres modes de protection, une hygiène stricte des mains doit être respectée pour éviter l’introduction de restes de savons, papier hygiénique ou diverses bactéries dans le vagin.
Quel modèle choisir ?
Il existe généralement deux modèles proposés pour chaque marque : un modèle pour les femmes n’ayant pas encore eu d’enfant (taille 1) et un autre modèle pour les femmes en ayant déjà eu (taille 2).
Choisissez un modèle disponible en pharmacie comme les coupes menstruelles de la marque Lunacopine ou encore Liberty Cup et continuez à pratiquer vos activités en toute sécurité et discrétion tout en faisant de notables économies puisque les Cup sont utilisables pendant 10 ans environ (en s’assurant cependant qu’elles ne deviennent pas poreuses au fur et à mesure de leur utilisation).