Méningite : diagnostic et traitement

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 11/05/2023

Méningite : diagnostic et traitement

Saviez-vous qu’on dénombre 20 000 cas de méningite par an en France ? Ce terme fait généralement très peur, et pour cause, certaines méningites ont une issue fatale, d’où l’importance d’adopter les bons réflexes en cas de suspicion de la maladie.

Comment reconnaître et traiter une méningite ? Quels sont les facteurs de risque et symptômes de la méningite ? Comment la prévenir ? Votre pharmacien conseil DocMorris fait le point sur cette pathologie souvent aiguë et d’installation très brutale.

Qu’est-ce qu’une méningite ?

Une méningite aiguë correspond à une inflammation des méninges qui sont les enveloppes protectrices du cerveau et de la moelle épinière.

Les méningites sont la plupart du temps de nature infectieuse, c'est-à-dire liées à un microbe, généralement un virus ou une bactérie, et parfois causées également par un champignon ou un parasite.

Les méningites peuvent survenir à tout âge, mais elles touchent plus particulièrement les enfants et les adolescents. La méningite est une maladie rare, mais grave. Aussi, devant toute suspicion de méningite, il est impératif de consulter rapidement un médecin.

Elles sont dans la majorité des cas dites aiguës, car elles sont d’apparition brutale et rapide et durent moins d’un mois. Il existe cependant des méningites chroniques beaucoup plus rares, elles vont persister plus d’un mois et sont souvent provoquées par des maladies inflammatoires ou cancéreuses. Cela peut être dû à une cause infectieuse et notamment chez des personnes immunodéprimées avec des méningites persistantes liées à l’agent de la tuberculose, ou encore des méningites dues à des champignons ou des parasites.

On distingue, parmi les méningites aiguës qui provoquent donc l’infection du liquide céphalorachidien (liquide qui circule entre les méninges), trois types de méningites différentes :

  • Les méningites virales. Ce sont les plus fréquentes (entre 70 et 80 % des cas) et la plupart du temps bénignes avec un rétablissement qui est même spontané. La guérison intervient alors sans séquelles au bout de quelques jours, même si des maux de tête peuvent persister pendant plusieurs semaines. Elles sont généralement dues à des virus très répandus de la famille des entérovirus, ou encore le virus de la varicelle, de la rougeole, de l’herpès, etc. 

  • Les méningites bactériennes. Plus rares, mais beaucoup plus graves, elles nécessitent une prise en charge médicale urgente. Elles peuvent être liées à plusieurs bactéries comme le pneumocoque (responsable de la moitié des méningites bactériennes), le méningocoque ou une bactérie du genre Haemophilus. Mention particulière pour le streptocoque du groupe B, responsable de 10 % des méningites bactériennes en France, mais qui, chez les nouveau-nés de moins de 2 mois, représente 80 % des infections. Les femmes hébergent fréquemment cette bactérie sur les parois du vagin (sans aucun symptôme) et il arrive que les nouveau-nés soient contaminés lors de l’accouchement. Pour cette raison, un prélèvement vaginal est réalisé en fin de grossesse, afin de rechercher la présence de streptocoque B et de mettre en œuvre, si nécessaire, un traitement antibiotique adapté pendant l’accouchement.  

  • Les méningites liées à des cancers ou à des maladies inflammatoires ou encore auto-immunes. Beaucoup plus rares, elles sont souvent liées à un état d’immunodépression chez le patient. 

Quels sont les facteurs de risque et causes d’une méningite ?

S’il existe certains facteurs de risque, il faut cependant savoir que la plupart des méningites sont contractées dans des conditions de vie habituelles, sans lien avec une hospitalisation ou un acte médical. On parle alors de méningites communautaires.

On considère que les nourrissons, enfants, adolescents, jeunes adultes, personnes âgées et immunodéprimées sont les plus atteints. Le fait de vivre dans une collectivité fermée, et surtout le fait d’être en contact avec une personne atteinte de méningite, sont aussi des facteurs qui favorisent la survenue de la maladie.

Certaines personnes ont donc un risque plus élevé de souffrir et de contracter une méningite :

  • Les nourrissons de moins de 2 ans, les adolescents et les jeunes adultes jusqu’à 25 ans environ,

  • les personnes âgées,

  • les personnes vivant dans une collectivité fermée (pensionnat, caserne...),

  • les personnes avec un système immunitaire affaibli,

  • les personnes en contact avec un malade atteint d’une méningite (très contagieuse),

  • les personnes habitant dans les régions où les épidémies de méningite sont fréquentes (récemment dans le Nord-Est de la France),

  • les fumeurs et les personnes exposées au tabagisme passif.

Chez certains patients, l’infection est contractée lors d’une hospitalisation. On la qualifie alors de "méningite nosocomiale". Une méningite peut survenir par exemple après une intervention neurochirurgicale ou ORL lorsqu'il y a eu contamination du liquide céphalorachidien par une bactérie.

Enfin, quelques méningites peuvent être reconnues comme maladies professionnelles si elles surviennent dans le cadre du travail.

Quels sont les symptômes et complications de la méningite ?

On retrouve les symptômes des méningites sous le terme de syndrome méningé, associant le plus souvent : 

  • Une forte fièvre,

  • une sensibilité très augmentée à la lumière,

  • une raideur de la nuque,

  • de violents maux de tête,

  • des nausées et vomissements,

  • la position en chien de fusil, couché sur le côté, caractéristique de la méningite,

  • des courbatures importantes et une très grande fatigue.

Ces symptômes peuvent ne pas être tous présents en même temps et être difficiles à interpréter chez les personnes âgées, et notamment chez les nourrissons. 

En effet, chez les très jeunes enfants, outre la fièvre, les symptômes des méningites sont en général des pleurs incessants, une irritabilité, une somnolence alternant avec une forte agitation et la fontanelle peut être bombée sur le dessus du crâne. Il ne faut donc pas hésiter en cas de doute sur les symptômes de bébé à consulter en urgence.

Au niveau des complications :

Quand il s’agit d’une méningite virale sans perte de connaissance, la maladie évolue favorablement en 10 jours environ, mais les médecins restent vigilants à l’apparition de signes de gravité (fièvre persistante, signe neurologique), surtout en cas de méningite liée au virus de l’herpès.

En cas de méningite bactérienne, c’est le traitement antibiotique qui est mis en place pour éviter tout risque de complications et notamment de confusion mentale, crise d’épilepsie, coma… Parfois, il peut se produire la complication la plus grave qui est une dissémination de l’infection dans tout l’organisme, on parle alors de choc septique avec un Purpura fulminans.

Le Purpura fulminans est une urgence médicale. Cette complication révèle la dissémination de la bactérie responsable de la méningite dans l’ensemble de l’organisme. Le Purpura fulminans se produit la plupart du temps lors d’une infection par un méningocoque. Il se présente sur la peau du corps sous la forme de taches rouges violacées qui ne disparaissent pas à la pression et qui ont tendance à s’étendre. Lorsqu’un enfant a une forte fièvre, il est donc indispensable de le déshabiller complètement pour rechercher d’éventuels signes de Purpura fulminans. Dans ce cas, il faut alors appeler immédiatement un service médical d’urgence. 

Enfin, on peut également rencontrer des séquelles au niveau de la vue (pouvant aller jusqu’à la perte de la vision), ainsi qu’au niveau de l’audition, de l’élocution et de l’apprentissage. Une paralysie, voire une gangrène des mains ou des pieds aboutissant éventuellement à une amputation, peuvent aussi être observées. Malheureusement, les méningites bactériennes restent mortelles dans 10 % des cas malgré une antibiothérapie adaptée, et le taux de personnes présentant des séquelles après une méningite bactérienne est d’environ 30 %.

Comment prévenir une méningite ? 

La prévention des méningites passe par la vaccination, et cela, dès l’âge de 2 mois pour les nourrissons. Différents vaccins existent notamment contre les bactéries responsables de méningites graves : méningocoque, pneumocoque, Haemophilus influenzae type B et en traitement préventif pour les personnes ayant été en contact avec des malades en cas de méningites à méningocoques.

Ces vaccins sont recommandés dès le plus jeune âge. Il est important de rappeler que les vaccins contre la rougeole, les oreillons, la rubéole préviennent également les méningites liées à ces maladies.

Attention en cas de voyage et notamment en Afrique, régulièrement touchée par des épidémies de méningocoques de type A. Une vaccination adaptée est préconisée en cas de séjour prolongé ou de contact étroit avec la population locale pour les pays situés au nord du Cameroun. Prudence aussi lors d’un pèlerinage à la Mecque, un carnet de vaccination à jour est nécessaire contre les méningocoques de sérogroupes A, C, Y et W135.

Il ne faut pas non plus laisser traîner une infection ORL, car les virus et les bactéries qui provoquent des méningites peuvent être présents dans la gorge ou les oreilles. Un rhume ne doit pas durer plus d’une semaine, s’il persiste ou s’il s’aggrave, alors il est important de consulter un médecin.

Enfin, dans le cas d’une méningite à méningocoques qui est contagieuse et parfois mortelle, un traitement préventif (appelé prophylaxie) est préconisé dans l’entourage de la personne qui déclare la maladie. Tous les sujets qui ont été en contact avec le malade 10 jours avant le début d’une méningite à méningocoques doivent bénéficier de cette prise en charge particulière et préventive.

Comment soigner une méningite ? 

Dans le cas des méningites virales bénignes, le traitement consiste à soulager les symptômes avec du repos et l'administration de médicaments contre la fièvre et la douleur. Les méningites dues au virus de l’herpès nécessitent un traitement antiviral spécifique.

Si une origine bactérienne est suspectée, un traitement antibiotique est administré en perfusion par voie intraveineuse pour une durée de 10 à 21 jours selon la bactérie et l’évolution de l’état du patient. Le traitement comprend parfois des corticoïdes pour leur effet anti-inflammatoire.

Les méningites induisent une immunité : il n’est donc pas utile pour une personne qui a eu une méningite à méningocoques de se faire vacciner contre le sérogroupe qui a occasionné l’infection.


En conclusion, face à un syndrome méningé ou à une suspicion de méningite, il est impératif d'agir vite. Et pour cause, une méningite bactérienne qui n'est pas prise en charge rapidement peut entraîner la mort ou des séquelles neurologiques graves. Le seul réflexe est d’appeler le 15 qui vous orientera le plus efficacement pour éviter toute perte de temps.