Syndrome du choc toxique lié aux règles : comment éviter le pire ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 13/07/2023

Syndrome du choc toxique lié aux règles : comment éviter le pire ?

Saviez-vous que dès l’année 2016, un magazine grand public lançait un signal d’alerte sur les dangers de la composition des produits d’hygiène féminine puisqu'aucune loi n’obligeait alors les fabricants à dévoiler leurs compositions détaillées ? Cet article fut suivi en 2017 d’un documentaire télévisuel « Le tampon, notre ennemi intime ». Ces 2 éléments vont alors provoquer une large prise de conscience de la part des médias sur les dangers de certaines protections hygiéniques, et surtout sur le risque du choc toxique lié aux règles. Les années COVID ont renvoyé un peu aux oubliettes ce syndrome, qui malheureusement continue de faire de nombreux cas avec des conséquences parfois très graves, voire mortelles.  

Qu’est-ce que le syndrome du choc toxique ? Quels sont ses facteurs de risque et ses symptômes ? Quelles sont les complications liées au choc toxique ? Comment diminuer le risque de développer un syndrome du choc toxique ? Le point avec votre pharmacien conseil DocMorris.  

Le syndrome du choc toxique, qu’est-ce que c’est ? 

Le syndrome de choc toxique, connu également sous l’abréviation SCT, est une infection rare et aigüe, potentiellement mortelle, provoquée par une bactérie de type staphylocoque doré (Staphylococcus aureus).

Cette bactérie est présente chez environ 30 % de la population et notamment dans le nez, l’arrière de la gorge, le rectum ou même la peau. Elle se trouve aussi dans le vagin chez 10 à 20 % des femmes et habituellement cette bactérie n’est pas dangereuse.

C’est seulement chez 4 % de ces femmes porteuses, dans des conditions particulières qui ne sont pas toutes connues, que la bactérie peut produire une toxine très dangereuse et potentiellement mortelle appelée TSST-1. Et, ceci, uniquement dans ce cas où la bactérie se trouve bloquée dans le vagin sans pouvoir être évacuée (présence de tampon par exemple). Elle s’y multiplie et quand sa concentration est importante, elle libère cette toxine TSST-1. Cette dernière passe alors dans le sang et provoque des lésions de certains organes dont le foie, les reins et les poumons, conduisant jusqu’au choc septique et au décès.

Bien que les essais menés par la Haute Autorité de Santé aient révélé la présence de substances chimiques dans les tampons, les coupes menstruelles, les serviettes hygiéniques et/ou les protège-slips, elles ne dépassent pas les seuils sanitaires. Il semblerait donc que le risque de choc toxique ne soit pas lié à la présence de ces substances, mais bien à celle du staphylocoque

Quels sont les facteurs de risque et symptômes du choc toxique ? 

Le SCT, pourquoi ? Parmi les conditions identifiées : la période des règles et le port d’une protection hygiénique intravaginale trop longtemps. Si le choc toxique n’est pas toujours lié à l’utilisation de tampons hygiéniques, environ la moitié des cas de SCT concernent les femmes et les jeunes filles lors de la période des règles faisant utilisation de tampons hygiéniques. Aussi, une étude menée à Lyon a montré que les principaux facteurs de risque étaient le port de tampon ou de coupe menstruelle (cup) pendant plus de 6h ou la nuit, et que cela expose à un risque élevé de choc toxique.  

Il est bien sûr tout à fait possible de réduire le risque de cette pathologie grave, tout simplement en changeant son tampon ou en vidant sa coupelle toutes les 4 à 6 heures (et aussi en privilégiant les serviettes hygiéniques pour la nuit !!). Par ce simple geste, on évacue les fâcheuses bactéries potentiellement présentes dans le vagin. Enfin, il est important de souligner que seul un nombre réduit de femmes sont porteuses de la bactérie responsable du SCT, soit environ 4 % de la population féminine.

Le choc toxique survient de façon soudaine, pendant les règles ou en léger décalage. En effet, les symptômes de ce SCT apparaissent généralement après 2 à 3 jours d’utilisation de tampons hygiéniques et se manifestent sous la forme d’une forte fièvre, de vomissements, de diarrhées, de maux de tête, d’étourdissements et d’évanouissements, de douleurs musculaires et quelques fois sous la forme d’une éruption cutanée comme un coup de soleil géant. Dans ce cas, il faut alors de suite retirer le dispositif vaginal et consulter en urgence.  

Quelles sont les complications liées au choc toxique ?  

L’histoire connue du mannequin américain Lauren Wasser ayant été amputée de ses 2 jambes suite à un syndrome du choc toxique illustre le type de complications qui peut survenir suite à un choc toxique.

Au-delà des cas très graves de décès, des risques d’amputation et de séquelles à vie, c’est la prise en charge très rapide par des traitements adaptés pour lutter contre la toxine bactérienne qui doivent être mis en place. Aussi, il est très important d’apprendre à connaître et reconnaître les symptômes pour réagir très vite et d’intégrer dans sa routine quotidienne des mesures simples de prévention.  

Comment diminuer le risque de développer un syndrome du choc toxique ? 

Pour la prévention de ce SCT, des mesures simples existent pour les femmes qui utilisent des tampons, mais aussi des diaphragmes, des cups ou des éponges à visée contraceptive :  

  • Lavez-vous les mains avant et après chaque manipulation, 

  • privilégiez les applicateurs et SURTOUT pensez à changer de tampon toutes les 4 heures

  • utilisez des tampons seulement au cours des règles

  • alternez les tampons et les serviettes pour avoir un équilibre au cours des règles, 

  • optez pour des tampons dont le pouvoir d’absorption correspond aux réels besoins du flux (en évitant les hyperabsorbants au maximum, le risque de SCT augmentant avec ce genre de tampons),

  • utilisez des protections périodiques en 100 % coton et si possible bio, pour les tampons et les serviettes, car même si ce n’est pas la protection en elle-même qui est responsable du SCT, choisir des tampons sans matières irritantes diminue énormément les risques et améliore également le confort de la flore vaginale. 

Attention à l’utilisation des cups, le fait de maintenir du sang à 37° avec de l’oxygène présent dans la cup, permettrait une multiplication plus aisée des bactéries. De plus, certaines cups sont constituées de matériaux qui peuvent favoriser l’adhérence des bactéries et créer un biofilm, qui ne sera éliminé que si la cup est stérilisée à l’eau bouillante entre chaque utilisation intravaginale.

Enfin, oublier définitivement toutes les lingettes parfumées, les douches vaginales et les savons non adaptés est la meilleure chose que vous pouvez offrir à votre hygiène intime au quotidien. À la place, l’usage de produits spécifiques pour l’hygiène intime qui respectent l’intégrité des muqueuses est fortement conseillé.

Pour toutes les femmes en période de règles, il est donc très important d’être vigilante aux différents symptômes pouvant apparaître. En cas de doute, il est impératif de consulter très rapidement votre pharmacien et/ou médecin pour éviter le développement d’un syndrome de choc toxique lié aux règles