Alors que la pandémie de Covid-19 n’est pas encore dernière nous, la variole du singe, maladie infectieuse virale rare due au virus Monkeypox, fait son apparition en Europe. Cette soudaine recrudescence de cas en dehors de la zone endémique soulève des inquiétudes : qu’est-ce que la variole du singe ? Faut-il s’inquiéter ? Quels sont les symptômes et comment se transmet-elle à l'homme ? Mar Santamaria Sala, pharmacienne, fait le point sur la variole du singe, dont les symptômes sont comparables à ceux de la variole, mais la maladie moins sévère.
Variole : une maladie éradiquée ?
En effet, la variole humaine a été officiellement éradiquée en 1980 grâce à une stratégie de vaccination mondiale. Il s'agissait d'une avancée majeure, la première maladie infectieuse pour laquelle ce résultat fût atteint. Toutefois, il existe d'autres virus du même genre - orthopoxvirus - qui affectent les animaux. Le virus de la variole du singe est un "descendant" direct de l’un de ces virus, et se caractérise comme endémique depuis des décennies, c'est-à-dire qu’on le rencontre principalement dans certaines régions d’Afrique centrale et occidentale. Le séquençage du génome viral isolé des personnes affectées a confirmé qu’il appartenait au clade "Afrique de l’Ouest", la souche la moins virulente.
Variole du singe : vers une nouvelle pandémie ?
Pour contextualiser cette maladie à ce jour : la variole du singe ou infection à virus Monkeypox est une zoonose virale à l’origine d’épidémies. En d’autres termes, il s'agit d'une maladie dite « zoonose » dont les hôtes naturels, autrement appelés les réservoirs, sont des animaux sauvages ou rongeurs. D’autre part, la variole du singe touche originellement, aujourd’hui et depuis qu’elle a été identifiée pour la première fois, des zones géographiques localisées d’Afrique. C’est pourquoi, elle est endémique dans ces pays.
En 2022, cette épidémie gagne du terrain, avec plusieurs cas de variole du singe recensés dans des pays non endémiques, dont la France. Pour autant, cela ne signifie pas que nous sommes confrontés à une pandémie ou à une épidémie mondiale majeure. Nous parlons de flambées épidémiques ciblées à certains endroits et sans avoir un taux de transmission élevé.
Comment se transmet la variole du singe ?
La première voie de transmission décrite pour contracter la variole du singe résulte d’un lien direct avec des animaux infectés ou de leur consommation, cependant une transmission interhumaine est également possible, chez les personnes éloignées des foyers endémiques, ce qui expose à un risque infectieux plus important. À l’heure de la mondialisation, les nombreux voyages intercontinentaux et le contact avec des animaux exotiques représentent des facteurs de risque pour qu’une maladie d’original animal soit transmise à l’homme, puis d’une personne à l’autre. Dans le contexte de Covid-19, c’était plus qu’une évidence.
À ce jour, la majorité des cas de transmission de la variole du singe a lieu après un contact rapproché et durable avec une personne infectée. La plupart du temps, cela concerne un conjoint ou un partenaire sexuel, dans la mesure où les deux situations impliquent une proximité physique. La voie d'entrée du virus se fait à travers la peau, par le contact de petites blessures avec les fluides biologiques de la personne malade, en particulier l'exsudat des lésions typiques de la maladie comme les vésicules et les croûtes. Le virus peut également se transmettre par les muqueuses, inhalation ou par le biais d'objets contaminés partagés, que l'on appelle « fomite », tels que des serviettes, draps, etc.
L’OMS suit de près l’évolution de cette épidémie. À l’heure actuelle, les foyers de contagion sont limités et le risque global pour la population faible. Rappelons qu’il ne s’agit pas d’un virus qui se propage facilement entre les personnes, contrairement à certains virus respiratoires.
Quels sont les symptômes du virus Monkeypox ?
La période d'incubation de la maladie varie de 5 à 21 jours. Les premiers symptômes sont typiques d'une infection virale : forte fièvre, malaise, fatigue, douleurs musculaires, maux de tête, etc. Ensuite apparaissent des signes plus caractéristiques, tels qu'une inflammation des ganglions, suivie d’éruptions cutanées, appelées exanthème, très semblables à celles de la rougeole. Ces lésions changent d'aspect et se multiplient. Elles finissent généralement par toucher les paumes des mains et plantes des pieds, zones spécifiques de cette maladie. Les papules évoluent en vésicules qui se remplissent de liquide (lésions cutanées contagieuses évoquées préalablement), puis en croûtes. Jusqu’à présent, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, aucune personne n’a été hospitalisée et n’a bénéficié d’un traitement symptomatique en ambulatoire.
Il est important de préciser que l’état clinique est moins grave que celui de la variole humaine, mais qu’il existe un risque de gravité accrue chez les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées. En France, le suivi des cas d’infections par ce virus fait l’objet d’une surveillance pérenne par le dispositif de la déclaration obligatoire. De plus, elle est renforcée par des messages d’informations et d’alerte adressés aux professionnels de santé. Les échanges se poursuivent par ailleurs avec les autres pays européens, l’OMS et l’ECDC.
Côté vaccination, il n’existe pas de vaccin spécifiquement conçu pour la variole de singe. En revanche, plusieurs études ont démontré que le vaccin contre la variole humaine était efficace à environ 85 % pour prévenir la variole du singe et qu’il permettait d’atténuer les symptômes de la maladie. La vaccination antivariolique a débuté en France pour les cas contacts des cas confirmés de variole du singe, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé.
Si je pense être infecté par le virus Monkeypox, que dois-je faire ?
Si vous êtes cas contact et/ou remarquez des symptômes comparables à ceux du virus Monkeypox, comment agir ? Dans ce cas, il est recommandé de vous isoler à domicile, d’éviter tout contact physique avec d’autres personnes, et de contacter le SAMU Centre 15 qui vous orientera vers une consultation médicale.
Face au contexte pandémique du Covid-19, faire la part des choses n’a pas toujours été un exercice facile. Afin de ne pas tomber dans la banalisation de la maladie ou au contraire la stigmatisation des propos, il est important de :
• Lutter contre la « mésinformation » et la « désinformation » qui incitent à la discrimination. Bien que le contact physique étroit soit un facteur de risque bien connu pour la transmission, il n’est pas clairement établi que la variole du singe puisse se transmettre spécifiquement par voie sexuelle, et uniquement chez les personnes ayant une certaine orientation sexuelle.
• Consulter des sources d’informations officielles (par exemple celles fournies par le ministère de la Santé, les CDC ou l’OMS) et poser vos questions aux professionnels de santé.
• Prendre soin de vous et des autres en adoptant un comportement respectueux, honnête et responsable à l'égard de votre propre santé et de celle des autres, notamment des personnes les plus vulnérables face aux maladies infectieuses.
Selon des chercheurs de l'Institut Pasteur, la transmission du virus de la variole du singe hors Afrique est « probablement dû au déclin mondial de l'immunité aux virus du genre orthopoxvirus (responsables de la variole humaine), suite à l'arrêt de la vaccination antivariolique, dans les années 1980 ». Même si la variole n’existe plus à l’état naturel, le secteur mondial de la santé reste vigilant. La préparation mondiale en cas d'épidémie de variole est assurée par la mise au point de nouveaux vaccins, produits de diagnostic et agents antiviraux. Ceux-ci peuvent désormais être utiles pour prévenir et contrôler la variole du singe. Il est donc essentiel de suivre les recommandations des autorités sanitaires, qui mettent à jour les dernières actualités et informations clés sur le Monkeypox.